Notre Mégalosaure nous a démontré que la relativité et l'évolution sont deux paramètres incontournables de l'approche scientifique.

Dans ce deuxième volet, il ne retrouvera pas ses dents mais il soutiendra l'idée que la même démarche est tout à fait applicable dans la construction.

Quels parallèles avec la construction ?

→ Relativité – La reconstitution historique et autres connaissances

Pour colorer les dinosaures, les scientifiques s’inspirent d’animaux contemporains : des suppositions. A l’échelle du temps des dinosaures, des données se sont perdues mais il en est de même pour une bâtisse médiévale pourtant beaucoup plus proche.

Usage et techniques sont tombés dans l’oubli. C’est pourquoi des chantiers tels que Guédelon ou encore Notre-Dame de Paris offrent des opportunités exceptionnelles pour la recherche et la redécouverte de ces savoir-faire. D’après des analyses, des marques, des empreintes, les scientifiques d’aujourd’hui recherchent les gestes d’autrefois. Et quand ils pensent les avoir découverts, de nouveaux indices incitent parfois à penser qu’il n’en est rien.

Le bien-fondé d’une connaissance à un moment donné ne vaut que par son contexte et son époque. Faire preuve d’esprit critique, de curiosité voire d’humilité, ne s’agit-ils pas des compétences comportementales aussi nécessaires que les compétences techniques ?

Evolution – Les matériaux et les techniques

Passer du béton aux résines, c’est voyager dans le temps.

Le béton n’était-il pas déjà utilisé par les romains avec une excellente maîtrise parfois meilleure que la nôtre notamment en milieu marin ? C’est un matériau toujours d’actualité. N'est-il pas même imprimé en 3D ? Il continue d’être documenté comme en témoigne la parution régulière de recommandations du Centre Scientifique et Technique de la Construction (CSTC) ou de Febelcem, la Fédération de l'Industrie Cimentière Belge. 

Avec l’apparition des résines, c’est un autre monde créatif qui s’est ouvert aux concepteurs avec des éléments plus légers, une liberté formelle extravagante. Elles seront utilisées aussi bien pour la reproduction à l’image du fac-similé de Lascaux, des maquettes de nos dinosaures que pour un imaginaire totalement innovant.

Les fabricants n’hésiteront pas à jouer la carte les matériaux composites alliant les qualités des ingrédients principaux : résines (ou assimilés) + béton (par exemple, le BUHP - Béton à Ultra-Haute Performance), bois, chanvre, ...

Les matériaux évoluent, de nouveaux matériaux apparaissent. En paralèlle, les conceptions des parois et les techniques de pose changent. Ce qui était considéré comme « règle de l’art » à un moment donné devient déconseillé voir interdit par la suite.

Pour la technique, prenons l’exemple de l’isolation des toitures.

La toiture est la partie de l’enveloppe du bâtiment avec les plus grandes pertes thermiques (25-30%) et une cible facile vers laquelle tourner les premiers efforts. Coup d'oeil sur la toiture en pente

Au départ, il n’y a juste RIEN. Puis vinrent les crises pétrolières (1973 & Co), le protocole de Kyoto (1997).

Piqûre au portefeuille + émergence d’une conscience environnementale (+ marché pharaonique) = Il faut isoler.

L’espace entre les chevrons se garnit, entre autres, de laine minérale (exemple et certainement pas une critique) ….

6 cm, c’est très bien, avec un papier kraft comme pare-vapeur, c’est encore mieux. En plus, les languettes facilitent l'agrafage sur les chevrons. Aucune autre précaution particulière pour l’étanchéité.

Les limites du papier kraft en tant que pare-vapeur apparaissent, il est complété par une feuille d’aluminium. Bien qu’il soit déjà vendu avec des bandes adhésives pour recouvrir les fixations, les informations sur l’étanchéité restent très laconiques, surtout pour le grand public. Le papier kraft a toujours de beaux jours devant lui parce qu’il est moins cher. Des problèmes apparaissent en toiture d’autant plus que l’épaisseur d’isolant augmente, réglementation oblige. Déjà 12 cm !

L’alu est trop fin pour être efficace. Il faut le doubler d’un film polyéthylène, autrement dit, un vrai pare-vapeur indépendant de l’isolant aux fixations et raccords soignés en terme d’étanchéité. La migration de la vapeur d’eau intérieure est enfin bloquée à condition que la pose soit parfaite et qu’il ne soit pas troué. La toiture ne respire plus. Le papier kraft est toujours sur le marché.

Enfin vient le frein-vapeur, même intelligent (hygrovariable), une membrane plus étanche en hiver quand les risques de condensation augmentent et plus ouverte en été. Elle permet la respiration du bâtiment. Il est maintenant plus courant de trouver une épaisseur de 35 cm d’isolant en toiture (↔ +/-15 - 20 cm réglementaires). Certains propriétaires veulent un bâtiment très performant, au-delà de toute obligation réglementaire (passif, zéro énergie, à énergie positive). Le papier kraft aurait-il enfin disparu des rayons ?*

Et nous ne parlons même pas du traitement de la sous-toiture, de la lame d’air, ventilée naturellement, surventilée, supprimée, … ni des toitures plates froides, chaudes, inversées, ni des postisolations, des ponts thermiques, ….

L'évolution

Depuis les années 80, 40 ans se sont écoulés avec leurs lots de publications professionnelles, de « règles de l’art », de recommandations, … Il est juste certain que le changement ne s’arrêtera pas en si bon chemin et que la multiplication des techniques et des matériaux rendra l’art de (bien) construire encore plus complexe.

N’est-il pas important de savoir remettre en question des connaissances loin d’être figées ? 

Que faut-il en conclure ?

Que la construction s’inscrit dans un monde en évolution ? Vous le savez déjà. Que le numérique lui donne un sérieux coup d’accélération ? N’en ressentez-vous pas les effets ?

  • A moins de se spécialiser, travailler en solo devient très difficile au vu de la démultiplication des matériaux et des  techniques, de l'étendue des connaissances à maîtriser. Le BIM s'inscrit d'ailleurs parfaitement dans cette tendance, lui qui favorise un processus collaboratif.
  • Ne pas s’informer, ne pas se former aujourd’hui, c’est aborder son avenir professionnel comme une aventure hasardeuse.
  • S'inscrire dans une démarche de formation continue offre toutes les chances de connaître un parcours passionnant.

Qu’en pensez-vous ?

 

Lire aussi :  Pourquoi un dinosaure édenté est-il un exemple pour la construction ? - L'histoire du dinosaure (1/2)

 

* Attention : les produits et leur usage peuvent varier (ou avoir varié) suivant les pays (épaisseur, performances, type d'application).

 

 

Sources :
- « An update from FCPD on the Megalosaur », Friends of Crystal Palace Dinosaurs, 29/06/2020, cpdinosaurs.org
- « Dinosaures de Crystal Palace », fr.wikipedia.org
- « Megalosaurus », fr.wikipedia.org
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