Economie circulaire ... circularité … ce vocabulaire est de plus en plus utilisé. Faut-il y voir un engouement passager ou une démarche pérenne ?

Nous allons tenter d’y voir plus clair, de l’origine au développement du concept à travers cette série d’articles où il sera question d’histoire, de stratégie, de survie, de solidarité.

Une longue histoire

L'économie circulaire est souvent présentée comme un nouveau modèle économique . Nouveau ? Pas vraiment, il s’agirait plutôt d’un retour aux sources.

L’industrialisation a poussé à la consommation dans un modèle linéaire « produire – consommer - jeter ». Le résumé est un peu simpliste mais bien réel. Faire tourner les machines impose d’encenser la consommation. Voici venu le temps des modes, du jetable, de l’obsolescence programmée, de la destruction des invendus et des surproductions, du futile, de l’inutile, de l’avidité, … Changer de modèle devient une question de survie pour l’homme, pour la planète. En des temps plus anciens où la production et l’accès aux ressources restaient difficiles, les usages privilégiaient l’adage « produire – consommer – réutiliser ». Les Romains concassaient leurs amphores usagées pour en faire du remblai.

Parce qu’il est plus simple de réutiliser un matériau que de l’extraire, combien de maçonneries ne contiennent pas les pierres d’un château ou d’une abbaye en ruines. L’habitude survit. A l’exemple de ces maisons écossaises semi-enterrées, les Brochs de Coigach, des contemporaines pour le loisir en matériaux recyclés, un modèle économique qualifié aujourd’hui de circulaire, une boucle vertueuse qui traque le déchet ultime.

L’intérêt que le modèle suscite au début du siècle est d’abord anecdotique. Quel sourire, pensez-vous, était adressé à ces précurseurs qui s’aventuraient hors des sentiers battus ? Narquois ? Incrédule ? Bienveillant ? Arrêtons-nous sur « encourageant ! ». Les années ont passé, les vaguelettes d'une tendance sont devenues une lame de fond.

Pourquoi ?

Une nouvelle motivation

Après quasi vingt ans de recherches, en 2002, un duo visionnaire (Michael Braungart, chimiste allemand et William McDonough, architecte designer américain) formalise le concept d’économie circulaire. Ils détaillent la théorie dite « Du berceau au berceau », en anglais « cradle to cradle » ou « C2C » et les modalités de la certification internationale qui l’accompagne. L'ouvrage thématique qu'ils lui consacrent «  Cradle to Cradle : créer et recycler à l'infini » sera publié en français aux Éditions Alternatives en 2011.

Le modèle linéaire consomme les matières premières et produit des déchets. Des tensions apparaissent pour la disponibilité des ressources, la planète est noyée sous une montagne de rebuts. Et que faisons-nous de nos déchets ? RIEN ou pas assez. Nous les entassons (ou les envoyons s'entasser ailleurs) réglementairement ou sauvagement. Il est temps d’agir !

Tout en sachant que le meilleur déchet est celui qui n’existe pas, le modèle circulaire implique le réemploi (d’abord), le recyclage (ensuite). Il s’accompagne d’une cohorte de questions : ces déchets, sont-ils réutilisables ? Qualité ? Risques sanitaires ? Usage ? Traçabilité ? Stockage ? Inventaire ? ...

L’intérêt économique, social, environnemental du modèle croît avec la pression sur la planète. Il est pris très au sérieux par l’Europe qui :

  • en défend les valeurs avec fermeté dans sa réglementation
  • le promeut à travers maints projets.

Du fédéral au régional, du public au privé, nombreuses sont les initiatives.

Le secteur de la construction, grand pourvoyeur, est bien évidemment concerné. Exit la démolition et sa force aveugle. Bienvenue à la déconstruction sélective, un déshabillage soigné et patient du bâtiment. L’économie circulaire fait battre le coeur de la construction durable. 

Un exemple concret et chiffré à travers ce court reportage sur la rénovation de deux tours bruxelloises.

ZIN sur La Une from Befimmo on Vimeo.

Leurs structures ont été mises à nu. Pas moins de 100 000 tonnes de matériaux sont démontés, triés, seuls 5 % d’entre eux ne pourront être récupérés. Si certains sont broyés pour repartir dans des filières de production comme le béton ou le verre, d’autres sont parfaitement utilisables en l’état et dans leur fonction originelle (cloisons modulaires, portes, éclairage, ...). L’asbl bruxelloise Rotor, une pionnière, participe au projet, convaincue depuis longtemps du potentiel que recèle un modèle axé sur le réemploi et le recyclage. A noter que la réversibilité des bâtiments y est aussi évoquée.

A suivre ...

 

Sources :
- « Economie circulaire », fr.wikipedia.org
- « Les Brochs de Coigach : de magnifiques maisons semi-enterrées en Ecosse », Pascal Faucompré, 22/03/2021, https://www.build-green.fr
- « Economie circulaire », www.belgium.be
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