Icarus-Empire-State-Building-photograph-Lewis-Hine-1930

Pour ce troisième article, intéressons-nous à la sécurité et, plus particulièrement, au travail en hauteur.

Les chutes restent la cause principale des accidents, dramatiques, car elles provoquent trop souvent une incapacité permanente, voire un décès. 

Pourtant, la sécurité a bien évolué sur nos chantiers. Même si tous les accidents ne sont pas signalés, avec 2783 accidents graves (taux de fréquence : 1,22), 2023 affiche une baisse significative, le meilleur résultat depuis 10 ans. Une bonne nouvelle toute relative car un accident reste un accident et la finalité est de les éradiquer.

Nous avons la chance de disposer d’une législation qui encadre le travail. Certains textes sont consacrés à la sécurité et au bien-être. Ils restent toujours perfectibles et évoluent au fil des ans. C’est ainsi que le Règlement général pour la protection du travail (RGPT - recueil des arrêtés d'exécution de 1947 à 1993) a évolué en Code du bien-être au travail (loi du 4 août 1996). Aujourd’hui, le premier a quasiment disparu au profit du second. Quelques dispositions résiduelles restent à transférer ou abroger. La philosophie qui sous-tend les deux textes est notoirement différente. Les prescriptions du RGPT détaillaient avec précisions les moyens à appliquer pour assurer la sécurité des travailleurs. Le Code, lui, fixe des objectifs. Dans un cadre défini, il donne la latitude aux employeurs de déterminer les moyens qu’ils mettront en œuvre pour les atteindre.

Et avant ?

Les deux posts ci-dessous montre l’inconscience (?) sur les chantiers de construction aux Etats-Unis tant du point de vue des travailleurs que du photographe. Le risque est-il si grand que les ouvriers ne peuvent le surmonter sans faire preuve d’insouciance ? Les visages affichent même une certaine fierté. Mais avaient-ils le choix ? Il faut (sur)vivre, la main d’œuvre est largement disponible.

Sur ces échafaudages assez rudimentaires, ne sont-ils pas agiles et rapides, ces hommes dont la vie ne tient même pas à un fil ?

Ce n’est pas mieux de l’autre côté de l’océan.

Cette photo, non datée, montre une intervention sur le grand dôme de l’Opéra Garnier (Paris) qui caracole dans les 70 m de hauteur. C’est nettement moins que les gratte-ciel américains mais largement suffisant pour mourir.

Pourtant, de 1887 à 1889, s’est déroulé un chantier considéré comme exemplaire : celui de la tour Eiffel. Un important travail de préfabrication a été réalisé en atelier. Les éléments préassemblés sont rivetés sur place. Plus d’1.5 million de rivets, des petites plateformes de travail, 300 m de hauteur, des conditions climatiques pénibles, les difficultés se cumulent. Seul un décès sera à déplorer et encore, en-dehors des heures de travail. . Pour l’époque, Gustave Eiffel s’est montré intransigeant sur la sécurité des travailleurs.

Et maintenant ?

S’il pleut, gèle et vente toujours, le matériel, lui, n’a plus rien de comparable. Rappelez-vous l’échafaudage qui ceinturait Notre-Dame de Paris, visible dans tous les reportages après l’incendie.  

Des améliorations ont été apportées tant au matériel qu’aux procédures d’utilisation, de montage et de contrôle.

Quelques exemples – Matériel et équipements

Plus besoin aujourd’hui de grimper par l’extérieur de l’échafaudage, la circulation est sécurisée. Il existe :

  • des planchers-trappes qui permettent de circuler à l’intérieur de l’échafaudage.
  • des escaliers extérieurs qui facilitent le déplacement simultané de plusieurs personnes.

Le choix d’une ou l’autre solution dépend principalement du prix d’achat ou de location (les planchers-trappes sont moins chers) et de l’environnement (les escaliers, en débord de 70 cm, augmentent l’encombrement).

Des plinthes limitent la chute d’objets qui roulent sur les planchers, voire celle des hommes qui y glisseraient.

Les départements R&D des grands fabricants comme Layher ou Altrad poursuivent leurs recherches, notamment pour une meilleure sécurité et ergonomie, maniabilité, facilité et rapidité de montage comme une main courante qui s’emboîte dans les rosaces avec des rotules amovibles et sans distinction gauche/droite.

Les équipementiers tels que Petzl, 3M, Camp, ... ne sont pas en reste. Les équipements sont soigneusement étudiés pour veiller à la sécurité et la protection des travailleurs : casques spécifiques pour le travail en hauteur, harnais de plus en plus sûrs et légers, … Des dates de péremption, ou date de durée de vie maximale, sont prévues ce qui n’empêche pas les équipements d’être déclassés plus tôt si les conditions d’utilisation provoquent des dégradations ou une usure précoce.

Des inspections périodiques sont prévues (et obligatoires) pour le matériel et les équipements par des personnes dont la qualification est reconnue et, le plus souvent, un organisme agréé. 

Quelques exemples – Montage et utilisation

Le montage d’échafaudage suit une procédure rigoureuse et la mise en service n’est autorisée qu’après la réussite de tests d’inspection. Ce contrôle donne lieu à la délivrance d’une Scafftag® ou carte d’inspection (dont la marque passée dans le langage courant) : rouge en cas d’échec, verte en cas de conformité. Elle mentionne d’autres informations utiles aux utilisateurs dont ce qu’ils sont autorisés ou non à y faire, la capacité de charge, les dates d’inspection, … Toute non-conformité lors des contrôles ultérieurs entraîne l’interdiction d’usage.
Cet étiquetage doit rester bien visible et lisible pendant toute la durée d’utilisation du matériel.

La formation a également toute sa place dans la prévention des accidents. Elle est même obligatoire pour le travail en hauteur depuis 2005 et la compétence de l’utilisateur doit être reconnue.

Des progrès sont-ils encore possibles ? Il le faut. Tant que la réalité diverge de l’objectif zéro accident (au moins pour les graves), tous les acteurs de la construction, et même au-delà, sont concernés. Matériel, équipement, comportement, responsabilisation, connaissance, formation, législation, … les thématiques d’action restent multiples.

 

D’hier à demain

Ces 3 articles ont permis de mettre en évidence des évolutions bénéfiques de notre environnement. Aux nostalgiques du « C’était mieux avant. », les situations choisies ont démontré le contraire. Ils n’ont pourtant pas toujours tort quand on évoque les contrepoints (gaspillage, pollution, consommation, dépendances, …).

Des inventions majeures sont à la source des progrès et des problèmes que connait notre civilisation.

Quelles seront celles de demain ?

La baguette magique de l’intelligence artificielle permettra-t-elle d’explorer des pistes insoupçonnées ? Ses raisonnements peuvent être tout à fait innovants et différents de ceux des humains.

Une aide pour notre survie ?

  

 

Lire aussi :

Sources :
- « Baisse historique des accidents du travail dans le secteur de la construction », Edelhart Kempeneers (pour senTRAL), 29/01/2024, www.wolterskluwer.com
emploi.belgique.be
- « La construction de la Tour Eiffel : un chantier exemplaire ! », Bertrand Lemoine, 04/11/2019, www.toureiffel.paris
- « Le château de Pierrefonds connaît son plus important chantier de restauration 150 ans après sa reconstruction par Viollet-le-Duc », Camille Di Crescenzo, 22/08/2022, france3-regions.francetvinfo.fr
- « Layher installe un parapluie exceptionnel pour la restauration du château de Pierrefonds – Publi-information », 22/11/2023, www.atrium-patrimoine.com
Source des photos utilisées à titre d’illustration et dont l'utilisation n'engage en rien les auteurs sur un soutien ou un entérinement éventuel du contenu de l'article :
- introduction →« Icarus, Empire State Building - photograph by Lewis Hine (MET, 1987.1100.119) », 1930, Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication, commons.wikimedia.org

La rédaction de cet article est entièrement humaine (les fôtôssi). Les informations ont été soigneusement sélectionnées pour éviter autant que possible les fakenews. Comme vous êtes probablement confrontés au même problème, vous savez également que la démarche devient de plus en plus épineuse. Merci de bien vouloir nous prévenir si vous relevez une anomalie : communication[arobase]veilleconstruction.be.
Cet article n'est pas un publireportage. Il est né du souhait d'un e-veilleur de partager une information jugée intéressante et ce, sans engagement.