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Après avoir vu le contexte, les 6 objectifs environnementaux et l’approche de la méthode, attardons nous un moment sur les conséquences concrêtes de ce texte.
Incidences directes du principe DNSH
1- Le principe DNSH vient se superposer aux exigences PEB actuelles qui doivent être respectées.
La PEN (=PEB non résidentielles), impose une économie supplémentaire de 20% par rapport aux normes PEB en vigueur (voir : Facilité pour la Reprise et la Résilience » (https://eur-lex.europa.eu/eli/reg/2021/241/oj?locale=fr).
Compte tenu de cette remarque, le calcul du niveau Ew de l’unité PEN se base sur des niveaux Ew situés entre 72 et 36 kWh/m²an au prorata du calcul des surfaces d’affectation !
2- Etude de faisabilité
Alignée avec l’idée du DNSH, elle est destinée à envisager des systèmes de production d'énergie renouvelable.
L’étude met en évidence :
- les émissions de CO2
- les consommations énergétiques
- les économies financières sur la durée de vie du bâtiment
Seuls les bâtiments exempts d'exigence PEB sont dispensés de l’étude de faisabilité !
L'étude de faisabilité technique, environnementale et économique envisage au moins la possibilité de recourir aux technologies suivantes:
- les systèmes solaires, photovoltaïques ou capteurs thermiques
- les pompes à chaleur
- les générateurs de chaleur fonctionnant à la biomasse
- les réseaux de chaleur.
Voir > L'étude de faisabilité pour les bâtiments à construire - Site énergie du Service public de Wallonie
3- Check liste des impacts sur la façon de construire
⇒ Par rapport à l’atténuation du changement climatique :
◊ Concevoir les enveloppes performantes autant en stratégie hivernale qu’estivale implique inévitablement un recours à une enveloppe performante, donc une certaine inertie thermique, associant les matériaux lourds et une isolation efficace. La règlementation PEB nous indique déjà des épaisseurs d’isolation assez importantes pour ne pas les augmenter encore plus. Par contre un vrai travail de qualité sur l’étanchéité à l’air des enveloppes sera nécessaire pour booster l’efficacité thermique de nos enveloppes. L’étanchéité à l’air influence directement la valeur du EW (jusqu’à 10 points). Il ne faudra donc plus se contenter de la valeur forfaitaire du niveau de fuite qui n’est pas particulièrement ambitieux (v50=12m³/hm²). L’expérience montre que descendre sous un niveau de fuite de 2 m³/(h.m²), influence peu EW (maximum -1 point). Pour parvenir à descendre sous cette valeur, une véritable expertise est nécessaire tant au niveau de la conception que de l’exécution. Un optimum économique doit donc être déterminé. Compte tenu de ce contexte technique et économique, se fixer des objectifs d’étanchéité à l’air compris entre 2 et 4m³/hm² semble un bon objectif réaliste. Vu que l'étanchéité à l'air ne se calcule pas, il conviendra de la mesurer à postériori par un test d’infiltrométrie en fin de chantier, le Blowerdoor test. Cette mesure permettra alors d'entrer les valeurs précises lors de l’encodage PEB final. C'est à ce moment là que les points seront gagnés !
◊ Maximiser l’usage des matériaux « bas carbones » en vue de réduire la consommation d’énergie grise globale des projets, et augmenter la qualité de l’air intérieure des bâtiments
◊ Avoir recours aux énergies renouvelables et tout dispositif économiseur d’énergie (sonde d’éclairage, détecteur de présence…)
◊ Prévoir les moyens de mobilité propre et douce en vue de limiter drastiquement « l’impact mobilité » des projets sur l’environnement. Favoriser un accès par les TEC est essentiel !
◊ Repenser les zones de parkings, à usage partagé, plus vertes, drainantes, munies de bornes de recharges (minimum 1 pour 5 place de parking), prévoir les équipements spécifiques nécessaires aux cyclistes (parking sécurisé, recharge, douches...) …
⇒ Par rapport à l’adaptation au changement climatique :
◊ éviter la construction dans les zones contraintes par le réchauffement climatique et prendre les mesures les plus appropriées pour s’y adapter, appliquer le bio-climatisme par ex.
◊ prévoir les moyens de limiter les effets :
- des surchauffes estivales (isolation efficace, inertie thermique, protections solaires et ventilation nocturne/Night Cooling, façades végétales),
- des inondations (toitures végétalisées, surfaces drainantes)
⇒ L’utilisation durable et la protection des ressources aquatiques et marines,
◊ prévoir la récolte des eaux pluviales et la réutilisation,
◊ prévoir la gestion des eaux usées par :
- le traitement des rejets,
- la gestion des eaux grises pour réutilisation ultérieure en réseau secondaire
⇒ la transition vers une économie circulaire,
◊ prévoir, dès la conception, la future déconstruction et la circularité des matériaux,
◊ maximiser l’usage des matériaux recyclés, issus de la filière du démontage/réemploi/déconstruction/démolition sélective…
◊ utiliser à minima des matériaux labellisés de sources durables
⇒ la prévention et la réduction de la pollution,
◊ prévoir des activités non polluantes
◊ ou, minimiser les émissions de polluants de l’air, de l’eau et du sol autres que les GES
◊ améliorer les niveaux de qualité de l’air, de l’eau et du sol
⇒ la protection et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes.
◊ Conserver la nature et la biodiversité ou à minima l’améliorer (prévoir des hôtels à insectes, des ruches sur les toits végétaux, des haies, des plants d’eau avec plantes adaptées …)
◊ Enrayer ou prévenir la dégradation des écosystèmes, la déforestation (compenser les éventuelles coupes d'arbres par des replantations proches)
◊ Mettre en œuvre des pratiques durables en matière de sol et de neutralité en matière de dégradation des terres
Conclusion
La mesure est récente et nous laisse beaucoup de latitude au stade actuel de sa maitrise. Elle n’est pas encore complètement aboutie, et pour le moment considérons que nous sommes en phase de transition.
Rappelons-nous qu’il a fallu plusieurs années à la règlementation PEB pour percoler. Parions qu’il en sera de même pour le DNSH. Cela nous laisse un certain temps pour monter en compétence sur certains volets non négligeables tels que la démarche zéro carbone, l’évaluation de l’énergie grise, l’analyse du cycle de vie (ACV-TOTEM), la construction circulaire…
Bref, un beau challenge qui va remodeler et booster le domaine de la construction.
Lire aussi → "Le DNSH… Quesako ? Détail & approche (1/2)"
Pour en savoir plus, voir aussi :
La Wallonie adopte la nouvelle Stratégie wallonne de Spécialisation Intelligente
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