Si le manque de ventilation nuit gravement à la qualité de l’air intérieur, la question se pose quant à la nuisance éventuelle des systèmes mécaniques de ventilation.
Quels sont les risques microbiologiques dans les différents systèmes ?
Climatisation
Dans les systèmes peu/mal entretenus, il y a un risque de développement de moisissures, de prolifération de légionnelles (si la climatisation est équipée d’un système d’humidification) -> importance de l’entretien
Puits canadien
En été, il y a risque de condensation donc de moisissures. On peut prévoir une préfiltration, une pente suffisante mais cette dernière est difficile à mettre en œuvre sur le terrain. L’idéal est de préférer les alternatives à eau glycolée, on évite ainsi que l’air intérieur ne passe dans le sol.
Double flux (système D)
Il peut présenter des risques, notamment au niveau des filtres quand l’air extérieur est humide et encrassé. D’où l’importance, encore une fois, d’un entretien régulier.
Dans la suite du système de ventilation, il y a moins de risques car l’air a été réchauffé et sa valeur en humidité relative est très faible. Dans ces conditions d’air sec, un développement microbiologique n’est pas possible.
Entrée d’air naturelle (systèmes A et C)
Dans les grilles d’alimentation naturelle, on retrouve un peu les mêmes conditions qu’au niveau des filtres, avec les mêmes phénomènes d’encrassement par des spores, des pollens, des poussières, du passage d’air relativement humide, plus d’éventuels problèmes d’infiltration d’eau si les grilles sont mal conçues. Ici aussi, un entretien régulier permet d’éviter un éventuel développement microbiologique.
Quelques points de vigilance essentiels
- position de la prise d’air (D) ou des grilles d’alimentation naturelle (A et C) :
→ s’assurer de l’éloignement –par rapport aux autres rejets (rejet de la ventilation, aération des conduits d’eau usée, évacuation des appareils à combustion, sortie de hotte, ...) ? Nonobstant les calculs, il convient de placer la prise d’air 2 m plus bas que tous les autres rejets (voire plus pour les chauffages mazout et bois) et, si possible, sur une autre paroi. - filtre (D) :
→ réaliser une très bonne étanchéité du filtre dans le caisson pour éviter que les particules ne le contournent. L’objectif premier du filtre est de protéger le système contre l’encrassement (échangeur, ventilateurs, conduits) avec comme bénéfice secondaire de diminuer le nombre de spores et pollens. - gaines (C et D) :
→ placer des bouchons pendant le transport, le stockage, l’installation jusqu’à la fin du chantier pour éviter leur encrassement.
→ Eviter aussi d’utiliser la ventilation pour sécher le bâtiment même si cela fonctionne très bien. C’est, en réalité, une catastrophe car les poussières de chantier vont s’accumuler dans le système d’évacuation (conduits, ventilateurs, etc.). - entretien :
→ les filtres sont un point clé, prévoir un remplacement minimum une fois par an, avant l’hiver pour avoir des filtres bien propres pour la période la plus critique de ventilation. Et pour ce faire, le groupe doit rester accessible. L’entretien peut être fait par les utilisateurs. Doivent être également entretenus les bouches, les ventilateurs, les conduits, ... Plus d’infos : Entretien des systèmes de ventilation
→ Signer un contrat d’entretien avec l’installateur, n’est-ce pas la solution pour se prémunir des nuisances et profiter sereinement des bénéfices de son installation ? Proposer un contrat d’entretien à leurs clients est un automatisme que les installateurs devraient intégrer.
Et Monsieur Caillou de conclure : « Il y a un certain nombre de risques qu’il ne faut pas nier au niveau de la ventilation. Ce n’est pas une raison pour ne pas ventiler. Ces risques, il faut les résoudre et sensibiliser les gens pour éviter les problèmes. »
Source : « Qualité de l’air intérieur : impacts des systèmes de ventilation », Samuel Caillou, Bioingénieur, Chef Adjoint laboratoire « Chauffage et Ventilation » (CSTC – BE) lors de la journée de conférences organisée par le Cluster Eco-Construction et ses partenaires du projet européen Interreg IV BatiD2 sur le thème « Santé & habitat : quelles implications pour les professionnels du bâtiment ? », le 23/10/2014 à Namur dans le cadre du salon Energie & Habitat 2014.
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