En Wallonie, une cinquantaine d’agriculteurs se sont tournés vers la culture du chanvre, soit une surface de +/- 200 ha. C’est une culture qu’ils apprécient car, lors de la rotation, elle constitue un très bon assainisseur de sol. La vitesse de croissance de cette plante résistante, qui peut atteindre 40 cm/jour au plus fort de la saison, empêche le développement d’autres végétaux : pas d’herbicide, pas d’insecticide. Planté en mars-avril, il est récolté en septembre, alors qu’il atteint 3 à 3,5 mètres de hauteur. Quel est l’avantage de cette croissance rapide ?
C’est un matériau très peu dense. Sa structure est très légère, emprisonnant énormément de petites particules d’air et donc idéal pour l’isolation.
Matières premières et fabrication
Le chanvre utilisé par Isohemp est cultivé dans la région de Huy par la société ChanvrEco. Le circuit court est privilégié, la fabrication des blocs s’effectue en effet près de Namur. La chaux, aérienne, vient des carrières belges (Supercalco de Carmeuse). Les blocs sont livrés directement sur chantier pour diminuer au maximum l’empreinte écologique du transport.
Le processus de fabrication est très simple et exploite la chimie de la chaux. Le chanvre est ajouté à une pâte de chaux. Le mélange est versé dans des moules, très légèrement comprimé et mis à sécher quelques jours à l’intérieur pour ne pas prendre trop vite. La réaction se poursuit ensuite à l’extérieur tant en hiver qu’en été. Un mois plus tard, les blocs sont livrables. Le bloc ne craint pas l’humidité et va continuer à durcir dans le temps.
La fabrication est très peu énergivore. A part celui de la chaux, le besoin en énergie grise est quasi nul (un peu d’électricité pour le mélangeur et la presse, pas de four). L’asbl Valbiom, qui s’occupe de la valorisation de la biomasse, termine une analyse du cycle de vie (ACV) sur le produit : le bilan carbone du bloc une fois mis en œuvre sur le chantier est négatif, y compris pourtant le cycle de la chaux.
Le bloc ne contient ni n’émet de COV, absorbe le CO2 : il participe de la qualité de l’air intérieur des habitations. Il devrait être labellisé ‘Nature plus’ encore cette année.
Production et industrialisation
Les blocs ont d’abord été produits artisanalement. Ils ont été testés, mis en œuvre sur quelques chantiers avec différentes solutions techniques. Des visites ont été organisées (Beauvechain, Tilleur, ...) par les clusters Eco-construction et Cap 2020 pour les faire connaître auprès des particuliers et des professionnels. Le produit a également été présenté en salon, comme Wood2build.
Afin de répondre à la demande, la nécessité d’une production industrialisée s’est rapidement fait sentir. Mais industrialiser, c’est aussi certifier, normer, ... , une démarche très professionnelle. Cet été a été mis à profit pour lancer l’unité de production industrielle.
Matériau et finition
Le béton de chanvre existe depuis une trentaine d’années. Une première mise en œuvre est le remplissage des colombages d’une maison alsacienne. Sa résistance et sa souplesse lui permettent de rependre les mouvements du bâtiment au contraire d’autres matériaux plus rigides et ce, tout en assurant l’isolation.
Comme le bloc ne craint pas la pluie, il n’est pas nécessaire de le protéger en cours de chantier. Une infiltration passagère ne lui fait pas peur et ne dégrade pas ses qualités. Après réparation, il sèche simplement. Très blanc quand il est sec, il devient gris lorsqu’il est humide. A l’intérieur, il peut rester apparent ou être recouvert d’un enduit. N’importe quel enduit fera l’affaire. Si on respecte l’essence du matériau, la préférence ira vers une finition à la chaux, l’argile ou encore des plâtres naturels.
Le bloc, de 60 cm de longueur et 30 cm de hauteur, est fabriqué en différentes épaisseurs : 12, 15, 20 cm. Pour le bloc de 30 cm d’épaisseur, la hauteur passe à 20 cm. Le calibrage a été bien étudié. Le bloc sort de la ligne de production sans devoir être rectifié. Il est souvent posé sur la tranche et là, selon le fabricant, le calibrage peut être considéré comme parfait.
Ce bloc est autoportant mais non porteur. Il peut être également utilisé pour réaliser des cloisons.
A suivre ...
Sources :
- visite du chantier de l’Architecte Despret et entretien avec Monsieur Beghin, Administrateur délégué d’IsoHemp, le 21/06/2013, Beauvechain
- Isohemp.be
Photo prise lors de la visite. Son utilisation n’engage en rien l’auteur de projet, les sociétés Argio et IsoHemp sur un soutien ou un entérinement éventuel du contenu de l’article.