Une fois le bloc fabriqué, il ne reste qu’à le mettre en œuvre et s’attarder sur une des ses propriétés, le déphasage.
Pose
Les blocs sont collés en joints minces. En isolation intérieure ou extérieure, ils peuvent aussi l’être contre le mur.
Le fabricant préconise une fixation mécanique tous les 2 m², soit tous les 10 ou 16 blocs (5 blocs/m² pour toutes les dimensions sauf en épaisseur de 30 cm, 8 blocs/m²). C’est plus une précaution pour éviter le décollement en cas d’anomalie lors de la mise en œuvre de la colle.
Le collage peut être réalisé avec un mortier colle, comme celui d’Argio. Cette méthode est avantageuse en termes de productivité et d’organisation car sur le chantier le maçon n’a qu’un seul mélange et un seul geste. Un bloc mal posé se repère directement à l’œil nu.
Le mur extérieur peut être prévu avec ou sans coulisse. Dans ce dernier cas, la finition est appliquée directement sur le bloc isolant (enduit, plaquette, brique).
Isolation et déphasage
Avec un lambda de 0,07 W/m.K, ce bloc peut-il être considéré comme un isolant ? C’est justement l’objet de la discussion. Pour les uns oui, pour les autres non avec, parfois, des subtilités.
Pour l’obtention des primes à la Région wallonne, le matériau est considéré comme isolant car c’est la valeur R qui est prise en compte (et non le λ). L’épaisseur de 12 cm correspond d’ailleurs à l’épaisseur minimale pour obtenir les primes à l’isolation par l’intérieur. Le matériau bénéficie aussi de la surprime comme matériau naturel.
Son coefficient λ est au-dessus de la limite des 0,065 ou 0,055 W/m.K (selon les sources). Pour certains, il ne peut donc être considéré comme un isolant. Pour obtenir la même performance que des matériaux à plus petit λ, son épaisseur devra être supérieure.
La conductivité thermique envisage principalement l’isolation sous l’angle de déperdition/gain énergétique. Le déphasage en modifie la finalité. Le bloc de chanvre est un matériau ‘lourd’, il a donc, plus que d’autres isolants, une capacité à stocker de la chaleur. L’approche globale ‘isolation + inertie’ est tout à fait différente dans une optique de confort intérieur à très faible besoin énergétique.
Le test d’évaluation de la conductivité thermique est normalisé. En simplifié, le coefficient est déterminé lorsque le flux de chaleur passant entre deux plaques à différentes températures est continu. Pour des isolants classiques à faible lambda, le résultat est obtenu en +/- 1 heure.
Plus le matériau est ‘lourd’, plus la durée du test s’allonge. Pour les blocs de chanvre, il faut attendre de 70 à 100 heures avant de pouvoir déterminer le λ. Qu’est ce que cela signifie ? Lorsque le flux calorifique arrive sur la paroi, il est stocké progressivement sur l’épaisseur du matériau. Sa température ne s’élève que peu à peu. Il faut 4 jours (cf les 100 heures) pour que le flux de chaleur traverse le matériau, pour que l’élévation/la diminution de température arrive à l’intérieur. Lors de variations thermiques, le bloc chaux-chanvre absorbe/rayonne la chaleur en écrêtant les pics et décalant les effets. Le refroidissement du bâtiment en hiver est plus lent et son réchauffement en été aussi. C’est tout l’intérêt du déphasage.
Le jour où cette propriété sera prise en considération pour l’évaluation des qualités isolantes d’un matériau, le bloc chaux-chanvre sera considéré comme performant. En Angleterre, les deux critères sont indissociables. En Belgique, la réflexion sur le sujet progresse.
Incidence en matière d’offre de formation : information aux stagiaires, voire plus
Lire aussi : Blocs chaux-chanvre, vous connaissez ? (1/2 IsoHemp - La fabrication)
Sources :
- visite du chantier de l’Architecte Despret et entretien avec Monsieur Beghin, Administrateur délégué d’IsoHemp, le 21/06/2013, Beauvechain
- Isohemp.be
Photo prise lors de la visite. Son utilisation n’engage en rien l’auteur de projet, les sociétés Argio et IsoHemp sur un soutien ou un entérinement éventuel du contenu de l’article.