Le chantier se fait progressivement, avec beaucoup d’auto-construction. La première phase est l’aménagement du corps de logis où il habitera avec sa famille dès 2006. Ensuite, il démolit le garage pour faire place à 4 petits logements locatifs, presque passifs. La troisième phase est en cours avec l’aménagement possible de 5 logements et d’une salle communautaire dans la grange et les écuries. 

L’habitat groupé  

C’est tout un programme de vie communautaire qui vient se greffer sur l’idée d’habitat groupé, tout en respectant la liberté individuelle. Les logements sont organisés pour que chacun se sente bien chez lui avec des espaces ou des vues plus privatifs et des zones communes. Le projet a été créé dans un esprit de convivialité. Dans les faits, il y a vraiment une entraide. Les habitants s’arrangent quand l’un d’entre eux n’a pas de voiture, qu’il lui manque de l’huile ou un œuf ou que les enfants doivent être gardés un moment. En fait, la proximité est très pratique pour s’entraider.  

L’été 2013, un étang de baignade nouvellement creusé a accueilli tout ce petit monde. Avec la canicule, la température de l’eau est montée naturellement jusque 28°C. La filtration s’effectue par lagunage. Peu d’entretien finalement (vider le skimmer, couper les plantes à l’automne) et beaucoup de plaisir !   

L’ancien hangar de la ferme est en cours d’aménagement en ‘abri de jardin’. Il comprendra un box de rangement pour chaque logement, un endroit pour mettre les vélos, sécher le linge, une serre (aussi pour sécher le linge en hiver), un atelier, une zone de stockage de matériaux et des poubelles. Ce regroupement évite l’essaimage de petits bâtiments individuels sur tout le terrain. 

Les matériaux

Les isolants utilisés sont écologiques, principalement de la ouate de cellulose et du liège.  

Le corps de logis principal est mitoyen. Il n’y a donc que 2 façades à isoler et des petites parties de pignons car ils sont plus hauts.  

Sa façade nord-ouest (donnant sur la cour, côté rue) a été isolée par l’intérieur avec des panneaux de liège de 6 cm. C’est relativement peu mais a permis à l’architecte d’isoler tous les retours, en-dessous des linteaux, et sous les tablettes. La technique d’isolation intérieure conserve le cachet de la façade, ce qu’il souhaitait pour des raisons urbanistiques mais aussi historiques. Dans les logements passifs, par contre, l’épaisseur atteint 25 cm et 36 cm. 

Le mur de façade arrière était assez humide, l’eau rentrait par des fissures dans le cimentage, ce qui a orienté le propriétaire vers une isolation par l’extérieur, combinant isolation et étanchéité, pour recréer un parement étanche, en bardage. La solution retenue est de suspendre une ossature bois sur la façade et d’y insuffler sur 20 cm d’épaisseur de la ouate de cellulose, à partir de réservation en toiture et dans le pare-pluie (panneau de Celit). Cette technique, associée à des châssis nordiques ouvrant vers l’extérieur, a permis de poser les fenêtres dans le plan de l’isolant et de réaliser des percements sculpturaux dans la façade avec des découpes arrondies qui donnent une très grande fluidité. 

Dans les nouveaux logements, la coupure thermique est réalisée en béton cellulaire.

C’est l’argile qui a été choisie pour les finitions intérieures. Au rez-de-chaussée du corps de logis, une couche de fond a été appliquée en deux passes de +/- 2 cm suivie d’une couche de finition de +/- 3 mm. L’argile de base, non colorée, a été fournie en big bag, la couche de finition en seaux. Les teintes ont été données par la couche de finition ou en mélangeant un pigment à l’argile de base. Au niveau du couloir et de la cage d’escalier, le propriétaire a testé et apprécié l’argile issue d’une argilière belge, Hins, fournie en big bag et déjà colorée : une solution plus facile, plus économique et avec moins de déchets. 

Tous les angles (fenêtres, coins) sont arrondis créant une ambiance agréable, d’une très grande une douceur.  

Indépendamment de l’aspect décoratif, une des qualités de l’enduit à l’argile est d’être un régulateur hygrométrique : il capte l’humidité de l’air et la restitue quand la pièce est trop sèche, ce qui est excellent pour la santé. Même si la ventilation est naturelle et gérée, le climat intérieur est toujours optimal.

Le bardage habille les façades isolées avec de la ouate de cellulose, une solution qui a l’avantage de s’adapter aux légers mouvements éventuels d’un bâtiment.

Il se compose de simples planches avec un petit jour vertical d’un cm (libre dilatation). Une latte verticale vient fermer ce joint qui ne doit pas être très régulier. La pose de cette latte de finition demande un temps de travail qu’il ne faut pas négliger. Laisser le joint ajouré demande plus de soin dans le réglage du bardage. C’est plus difficile à réaliser surtout sur de grandes longueurs comme souvent toutes les planches ne sont pas parfaitement calibrées. 

Le bardage est réalisé en mélèze belge. Il est lasuré depuis 6 ans avec un produit choisi pour conserver la couleur du bois frais, un ton beige-orangé assez beau. Une partie sera peinte par la suite avec une lasure de couleur rouge pour rappeler les tonalités de la région, ici la brique, un choix apprécié par l’urbanisme. En effet, lorsqu’un bardage vieillit, il devient gris mais de façon irrégulière et souvent, une sensation d’abandon, de délabrement s’en dégage. 

En Belgique, on utilise de préférence du bois raboté pour les bardages. Pour cet architecte, une telle finition ressemble plus à celle d’un meuble, elle est un peu trop soignée pour une maison. Lui préfère utiliser du bois non raboté. Il accroche plus la lumière rasante, lui donne plus de matière. Le bois est plus vivant. Le bois non raboté résiste mieux au vieillissement. Des expériences ont montré que l’eau a moins tendance à y pénétrer car les petites irrégularités drainent les gouttes vers l’extérieur. Et la dernière raison est que la peinture scandinave qu’il aime utiliser pour le colorer ne peut s’appliquer que sur du bois non raboté.

Les menuiseries extérieures sont danoises. Ce sont des châssis bois-alu très discrets car une grande partie est reprise derrière l’isolant et le plafonnage. Très fins, ils captent un maximum de lumière. Ils s’ouvrent vers l’extérieur comme c’est de tradition dans les pays scandinaves et sont équipés selon la demande : 

• d’une sécurité enfant,
• d’une position ventilation, très pratique en été,
• d’un système de ventilation réglable que le propriétaire laisse ouvert en permanence sauf par grand vent.  

Ils sont garnis de double vitrage superisolant et de triple sur les façades nord, nord-est et nord-ouest, ainsi que les portes.

Dans les logements en cours d’aménagement, les murs mitoyens sont réalisés en blocs de terre crue, Argio®, bloc porteur nouvellement créé à Tubize. Ils sont doublés pour éviter les contacts entre les deux habitations. Porteurs en 14 cm, ils vont recevoir les fortes charges de hourdis en béton. Dans les logements déjà construits, c’est le bloc silico-calcaire qui a été utilisé.  

Le bloc de terre crue porte comme un bloc béton. La différence se situe au niveau de : 

• la fabrication qui consomme beaucoup moins d’énergie,
• la régulation thermique et hygrométrique. Ses propriétés permettent de régler beaucoup problèmes qu’on essaie, à notre époque, de compenser avec des techniques assez compliquées, fragiles et énergivores dont la ventilation double flux, nous explique l’architecte.   

Ces blocs ont également d’excellentes qualités d’isolation acoustique, c’est pourquoi ils sont aussi utilisét pour le cloisonnement. Ils sont collés avec un mortier d’argile et de plâtre également fabriqué par Argio®.

A suivre ...

Sources :
- Compte rendu de la visite de l'habitat groupé de Chaumont-Gistoux, portes ouvertes Eco-bâtisseurs, circuit 'Eco-matériaux', organisé par le cluster Eco-construction asbl dans le cadre du projet européen Greenov, le 11/11/2013
- ecobatisseurs.be, architectes-aadd.be
Source des illustrations : photos réalisées lors de la visite. Leur utilisation n'engage en rien l'auteur/les propriétaires sur un soutien ou un entérinement éventuel du contenu de l'article.