La paille a une capacité extraordinaire : celle de se renouveler entièrement chaque année. Elle est produite en grandes quantités, si excédentaires qu’elle en vient à être considérée comme un déchet. La paille, un déchet ?
Non, au contraire, un excellent matériau d’isolation local à faible prix.
La paille n'aime pas l'eau.
La région est pluvieuse, avec de la neige en hiver. Les conditions climatiques sur chantier ont de fortes chances de ne pas être optimales. Ce fut le cas pour cet ensemble dont la construction a démarré en décembre 2012. Jugez plutôt !
La paille doit systématiquement être protégée contre la pluie. Des protections provisoires ne sont pas envisageables. Imaginez la pose de grandes bâches sur le R+7 par vent fort, leur tenue pendant des intempéries ou congés ... Hors de question, la mise en œuvre de la paille doit être pensée pour qu’elle ne soit pas visible sur le chantier.
Le travail en caissons présente un double intérêt : protection de l’isolation et portance de la peau extérieure.
La réalisation de prototypes est essentielle.
Avant de se lancer, différents caissons prototypes ont été fabriqués pour répondre à toute une série de ‘Comment ... ? ‘. Comment vont-ils se comporter ? Comment les porter et les transporter ? Comment les mettre en œuvre rapidement ? Comment les fixer ? ...
Une telle mise en œuvre est rare, donc, un peu inquiétante pour les entreprises. Voir les caissons démystifie la technique.
Le réglage des caissons est un point d’attention.
L’ajustement précis des caissons se dessine facilement à l’écran. Sur chantier, c’est tout autre chose surtout pour de grandes hauteurs. Le réglage se fait à la main. Pour anticiper la difficulté, un vide est d’office prévu pour permettre le réglage. La continuité de l’isolation est assurée par de la laine de bois et une insufflation de cellulose.
L’organisation du chantier est astucieuse.
L’échafaudage se monte en même temps que la structure CLT. Dans la continuité, les caissons sont glissés le long de la paroi en bois, suspendus par des sangles fixées en atelier. Simultanément, en partie basse, le pare-pluie et le bardage se posent sur les éléments déjà en place. L’échafaudage se démontera au fur et à mesure de la pose des finitions du bardage. Rapide et efficace.
Et le coût ?
Si la paille ne coûte pas cher, elle doit rester économique aussi dans sa mise en œuvre pour rester intéressante par rapport à d’autres matériaux d’isolation.
Antoine Pagnoux s’est livré à une comparaison entre différentes techniques. La paille se situe dans une position moyenne, un résultat très honorable :
- +/- 135 €/m² pour un enduit monocouche sur isolant pétrochimique
- +/- 175 €/m² pour un système isolant à base de paille
- -/+ 220 €/m² pour un système similaire avec de la cellulose
A noter cependant que, dans un bâtiment en paille, le confort est très supérieur à celui isolé avec des mousses ou des fibres minérales à performances thermiques équivalentes. Ce qui en fait un matériau d’isolation tout à fait intéressant.
Le bilan carbone est positif.
Au contraire, d’autres solutions qui peuvent aller à des bilans carbones négatifs de 600 T de CO2, ce système constructif est très économe tant sur la durée de vie du bâtiment qu’à la construction. Le bilan carbone est positif et le stockage a été estimé à 1100 T de CO2. La paille en construction : c’est bien construire et peu consommer !
A suivre ...
Sources : « 48H pour être passif », journée de conférences dans le cadre du projet Greenov, organisée par le Cluster Eco-construction, 22/05/2014, Beez - Compte rendu des présentations de :
- Antoine Pagnoux, Architecte, ASP Architecture, asparchitecture.fr
- Vincent Pierré, Thermicien, Terranergie Vosges
Source des illustrations : présentation de l’Architecte Antoine Pagnoux