Et puis, il y a les rencontres impromptues au fil des lectures. Ces infos insolites qui, en un joyeux brassage, révèlent leur lot de mystères.

Que ce soit en art ou en architecture, les sujets qu’elles proposent ont le don de faire sourire ou réfléchir.

En France, vient de se clôturer « Allegoria », une exposition consacrée aux allégories dans la peinture. Le Château des Sceaux situé en Hauts-de-Seine rassemblait une série d’oeuvres soigneusement sélectionnées pour faire découvrir aux visiteurs les codes cachés de ces représentations. La prochaine fois que vous voyez une figue dans une nature morte, penserez-vous à un simple fruit ou une subtile allusion à la sensualité ?

Voici quelques autres exemples qui ont pour fil rouge un secret.

La chanson

Commençons par une chanson. Le titre Ddaeng du groupe coréen BTS a refait l'actualité parce que l’un des membres, Suga, en a évoqué l’origine dans le 27e épisode de son émission en ligne, Suchwita.

Le rythme initial a donné naissance à un rap, concentré de jeux de mots complexes lourds de sens cachés. Il faut manier la langue et la culture coréennes pour en comprendre toutes les subtilités. Si la traduction anglaise des paroles laisse supposer un peu d’humour, on est loin du compte. Impossible d’en parler sans l’aide des spécialistes.

Ddaeng, c’est le jingle de quizz télévisés, le son de la cloche à l’école, un mot de comptine, un jeu de carte, un jeu d’enfant, un rapport de force, un dédain des haters, ... Dans cette dynamique scandée, entrainante, chaque ddaeng (et ils sont nombreux) prend une signification différente. Le groupe y exprime la fierté de son identité et une solide réponse aux détracteurs de tous horizons.

Ne pourrait-on faire un parallèle avec l’architecture ? Une construction au rythme répétitif qui sonnerait comme un ddaeng dans son environnement ? La structure de la tour Eiffel dans le ciel parisien de 1889 ? Les rubans du musée Guggenheim à New York en 1959 ? Les capsules de la Nakagin Tower, aujourd’hui disparue, dans le paysage tokyote de 1972 ? Chacune à sa façon délivre son manifeste, message fort d’un courant architectural dans une affirmation subliminale.

 

Le livre

Lorsque la tranche d’un livre (appelée aussi gouttière) vous semble simplement dorée, soyez plus curieux. Décalez légèrement les pages. Parfois, un dessin apparaît et même deux suivant le sens du mouvement. Le dessin est réalisé tout au bord des feuilles et les traces de peintures sont dissimulées par la dorure. Le dessin est parfois peint directement sur la tranche du livre, il reste alors parfaitement visible. L’ornementation prend tout son intérêt lorsque les livres sont rangés à plat. Le rangement debout a mis le dos en évidence.

La pratique remonterait au 12e siècle lorsque le propriétaire de l’ouvrage souhaitait le faire marquer de ses armoiries. Elle s’est perpétuée avec plus ou moins de bonheur au fil des ans et a connu un regain d’intérêt au 17e avec les paysages du relieur anglais William Edwards.

L’usage ne s’est pas perdu pour autant. Maisie Matilda, une jeune artiste anglaise, s’est lancée avec beaucoup de talent dans l’illustration apparente des gouttières et des bords de livres de seconde main. Son dessin s’inspire de l’histoire. Son domaine de prédilection est la littérature fantastique avec les grands classiques : Harry Potter, Dune, Le Seigneur des anneaux. Quand une publication sort en plusieurs tomes, ils peuvent être rapprochés pour former une fresque. Elle propose ses réalisations via une boutique en ligne.

Certaines maisons d’édition s’y essaient encore aujourd’hui pour le plus grand plaisir de leurs lecteurs.

 

Le siège

Au Japon, dans ce pays régulièrement victime de tremblements de terre, se protéger est une évidence. La souplesse des anciennes constructions en bois et les normes antisismiques pour les bâtiments contemporains sont les garants de la protection des personnes. Même le mobilier a son rôle à jouer, à l’exemple de ces sièges conçus par l’agence Znug Design basée à Tokyo. Apparemment très classique, le siège, baptisé Mamoris, cache une fonctionnalité très appréciable en cas de séisme : celle de fournir un casque en résine ABS pour les situations d’urgence. Dissimulé sous l’assise, il est la continuité du dossier qui, lui, sert de coiffe de protection du cou et du dos.

Au Musée Kao Eco-Lab ou dans au bureau de quartier de Yokohama, le siège a été vite adopté parce qu’à partir d’une manipulation simple (tourner-détacher), les visiteurs disposent d’une protection individuelle directement accessible sans avoir besoin d’un espace de rangement supplémentaire. Le siège aussi bien que le casque répondent aux normes nationales : critères de résistance et de durabilité pour le premier, casque de sécurité pour les « objets volants et tombants » pour le second.

 

Le radiateur

Si aujourd’hui le radiateur en tôle a remplacé le radiateur en fonte, celui-ci a connu son heure de gloire. Massif, souvent orné de motifs élégants d’inspiration végétale ou géométrique, il a marqué une époque, élément décoratif incontournable de moults appartements. Lors de son remplacement, il est la plupart du temps vendu au kilo chez des ferrailleurs. Certains entrepreneurs ont heureusement vu son potentiel sur le marché de l’occasion et le sauvent de la destruction. Remis à neuf, il apporte sa touche vintage dans un logement contemporain. Ses dimensions surfaites et sa grande inertie conviennent particulièrement bien pour un chauffage basse température. Cette inertie est d’ailleurs exploitée pour offrir une fonctionnalité supplémentaire : le chauffe-plat, comme sur le modèle ci-dessous.

Il trouve place dans la salle à manger. Le coffre intégré garde les assiettes ou les plats au chaud en attendant le service. Evidemment, il s’agit d’un modèle d’exception et son prix peut atteindre les 3000 €.

 

Le toit

Nous partons maintenant en Roumanie, à Sibiu. La ville est ancienne, fondée au 12e siècle. Grâce aux hasards de l’histoire, bon nombre de bâtiments historiques, mêmes médiévaux, ont été préservés. La ville est devenue un haut lieu du tourisme, elle est aussi connue pour la qualité de vie qu’elle propose à ses habitants et visiteurs. Pourquoi vous en parler ? Pour ses toitures aux découpes mystérieuses.

N’ayez pas peur ! Même si vous en avez l’impression, vous n’êtes pas espionné. Ces yeux servaient à ventiler les combles où les denrées alimentaires étaient stockées. Laissant passer l’air mais pas la lumière, ces étroites fenêtres de toiture permettaient la bonne conservation des marchandises.

 

Cet article clôt le cycle du secret, ceux que l’on peut découvrir en rénovant un bâtiment, celui qui se cache derrière la circularité ou encore l'inattendu croisé au détour d’un chemin.

Menez l’enquête dans ces mondes invisibles et prenez plaisir à déceler ceux qui nous échappent encore. Que nous révèlerez-vous ?

 

Lire aussi :

 

Sources :
- « Secrets de peintres au château de Sceaux : une exposition révèle le sens caché des images », Guy Boyer, 02/01/2024 (mise à jour 11/01/2024), www.connaissancedesarts.com
- « Ddaeng », www.bts-armyfrance.fr
- « Tranches peintes », fr.wikipedia.org
- « Cette artiste customise ses livres et les rend uniques », Marion Jaumotte, 17/03/2022, www.rtbf.be
- « Cette chaise se transforme en casque pour se protéger lors des tremblements de terre », Justine M., 02/02/2024, creapills.com
- www.znug.com
- www.mamoris.me
- www.fredericmatt.com
- « Roumanie : dans l’étrange ville de Sibiu, les toits des maisons ont des “yeux” ! », Nathalie Kleczinski, 25/12/2021, www.neozone.org
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