BIM_gratte-cielL’évolution numérique de la construction passe par le BIM.

Qu’est-ce que le BIM ? Quel est son impact ? Comment s’y préparer ? Nouveaux métiers, nouvelles compétences, nouvelles formations … l’expérience française peut-elle nous servir d’exemple ?

Quelques pistes de réflexion.

 

Le BIM - Quelques explications

BIM est l’acronyme de Building Information Modeling, ou, en français, Modélisation des données du bâtiment (MIB). L’appellation Maquette Numérique du Bâtiment (MNB) est aussi couramment utilisée. L’idée est née du besoin de faciliter les échanges entre les intervenants lors de la construction d’un bâtiment. Un petit film d’animation vous le présente ou, si vous préférez une présentation, de type démo ou classique (mais commerciale).

Trois mots sont essentiels : numériqueprocessuscollaboratif.

Le BIM utilise des outils numériques pour créer la maquette virtuelle d’un ouvrage. Il s’intègre dans un processus de gestion intelligente.

La maquette prend forme à la conception du projet. Elle s’enrichit pendant tout son développement y compris pendant le chantier qu’elle aide à planifier et gérer. Elle devient une version as built du bâtiment, utilisée pour sa maintenance. La maquette s'alimente du travail collaboratif des différents acteurs du processus de construction et de maintenance. Ils y trouvent les infos utiles et la complètent de leurs propres données.

 

Le BIM et l'Europe

En 2014, la Directive européenne 2014/24/UE sur les marchés publics inclut le BIM. L’article 22.4. prévoit :

« Pour les marchés publics de travaux et les concours, les États membres peuvent exiger l’utilisation d’outils électroniques particuliers tels que des outils de modélisation électronique des données du bâtiment ou des outils similaires. ».

Certains pays, comme les Pays-Bas et les pays scandinaves ont déjà embrayé, la France s’est fixée comme échéance 2017. Elle s’inspire de leur expérience, établit un Plan de Transition Numérique dans le Bâtiment (PTNB) en 2014, déploie son offre de formation mais continue la recherche. Ainsi, en partenariat avec le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), le groupe Qualiconsult, spécialisé notamment dans le contrôle technique et de l’inspection, se lance dans un chantier laboratoire en situation réelle (construction de la nouvelle Ecole normale supérieure de Cachan, Ile-de-France, Renzo Piano Building Workshop). L’expérience vise à mettre en lien le BIM et un référentiel de contrôle technique.

Et en Belgique ?

En 2015 se déroulent une série de manifestations ou d’actions liées au BIM (non exhaustif mais significatif).

  • En février, Cenaero, le CSTC et Greenwal ont organisé leur troisième journée d'échanges sur la simulation numérique dans le domaine de l'Energie et des Bâtiments avec des conférences et un partage d’expérience dédiés au BIM.
  • L’Union Wallonne des Architectes (UWA) a proposé à ses membres des séances d’information et ateliers, une démarche prolongée en 2016.
  • Des sociétés spécialisées en informatique comme Tase Solutions présentent leurs produits lors de séances de sensibilisation et poursuivent en 2016.
  • Plusieurs partenaires du secteur (ADEB, G30, ORI, organismes de contrôle, IFMA soutenus par CSTC, Confédération Construction, UPSI ) ont uni leurs efforts pour rédiger une méthodologie de collaboration BIM pour le secteur de la construction en Belgique. Elle a été lancée fin de l’année lors d’un colloque organisé à Bruxelles.
    Consulter le guide (en anglais)
  • Le CSTC a créé un nouveau Comité technique BIM & ICT afin « d’initier et de coordonner les actions de recherche et d’information qui s’imposent et de suivre les activités de normalisation en la matière ».

En 2016, le sujet fait l’objet d’une soirée de conférences lors des Journées de l’Audiovisuel (Tournai, 24-26/02). Olivier Vandooren, Directeur (CSTC) y présente le « BIM au service des métiers de la construction » et Martin Brochier (TASE), « Le BIM appliqué et le CCT B2022 ».

La généralisation du BIM n'ouvre-t-elle pas une boîte de Pandore ? Les bénéfices sont connus et nombreux : meilleures collaborations, diminution des erreurs, efficacité augmentée, économie globale, base de données, mise à jour en temps réel, …

Parallèlement, des questions techniques, sociales, économiques, ou encore juridiques restent ouvertes : normalisation des maquettes numériques, assurances, responsabilités, propriété intellectuelle, expertise, certification, formation, accessibilité aux (T)PME, coût et performance du matériel informatique, coût et mise à jour des logiciels, perennité, ...

 

Le BIM et l'offre de formation

Quoi qu’il en soit la marche en avant continue … en Belgique aussi. Elle s’accompagnera tôt ou tard de l’élaboration d’une offre de formation.

Pour leur offre de formation, les Français se sont inspirés des expériences étrangères, entre autres, chez les Anglais. Ils ont maintenant un peu de recul sur le sujet et peuvent tirer des premières conclusions.

En juin 2015, lors de son 43ème congrès, l’Union nationale des Economistes de la Construction (UNTEC), a organisé une conférence « Passer au BIM – La formation sur tous les fronts ». Si vous êtes concernés par une offre de formation, nous vous proposons de l’écouter car elle fourmille, jusqu’au bout (43'), de judicieuses informations, un partage d’expériences vraiment.

 

 Si non, en voici quelques points importants :

→ Le BIM a été inclus dans la formation initiale du BAC jusque la licence PRO et ce, en mode projet, suscitant un réel engouement des élèves.

→ Il est proposé en formation continue, longue et diplômante (master – 13 semaines) à des professionnels en exercice (architectes, ingénieurs, …). Les attentes des participants sont variées : 10% souhaitent devenir BIM manager (encore faut-il que la fonction soit clairement définie), 40% veulent simplement exercer leur métier avec les outils de demain et 40 % voient à travers le BIM une opportunité de développer des activités complémentaires (coaching, formation, …)

→ Les professionnels peuvent également suivre des modules courts :

- Le niveau 1 correspond à une journée d'initiation (théorie le matin, découverte pratique avec la manipulation de maquettes numériques l’après-midi).

- Le niveau 2 propose deux modules « La pratique BIM pour un technicien ou un économiste de la construction » et « La stratégie BIM en entreprise ».

La formation peut se prolonger d’une semaine de stage en entreprise. L’objectif est double. Comme pour les élèves, les participants s'enrichissent des projets réels de l’entreprise. Ils y apportent leur expertise et montrent le potentiel du BIM.

→ Des points d’attention sont abordés : difficulté de trouver le bon moment pour l’offre, résistance au changement (même d'outils numériques), gestion prévisionnelle des compétences 2.0, certification des compétences en l’absence de diplôme, montée en compétence des professionnels, association de toutes les professions au travail collaboratif, temps de formation des formateurs/enseignants,  …

 

Nous avons sélectionné également une vidéo du CSTB.  Elle présente une formation destinée aux professionnels. Pourquoi celle-là et pas une autre ? Il y en a tant !

  • Elle est toute récente (février 2016)
  • La plupart des vidéos concerne les architectes et ingénieurs, celle-ci donne la parole aux artisans.

A dix mois de l’obligation d’utiliser le BIM dans les marchés publics en France, sa rareté donne un indice sur l’éloignement de certaines entreprises par rapport au processus. Une situation très similaire à celle que nous risquons de rencontrer chez nous.

 

 

Les acteurs qui ne s'inscrivent pas dans les marchés publics auront-ils aussi besoin du BIM ? Si l'on fait un parallèle avec l'évolution du dessin d'architecture, on ne peut répondre que oui. Quel architecte dessine encore à la plume aujourd'hui ? Le plus difficile est d'estimer la durée de la transition.

 

Les métiers du BIM

Une personne de référence joue un rôle clé dans le processus. Elle anime, coordonne, voire encourage. C'est le BIM Manager. Il est le grand facilitateur, le moteur. Celui auquel on pense en premier pour les métiers du BIM.

D’autres métiers aussi bien que de nouvelles compétences peuvent être associés au BIM : référent à différentes étapes du processus, économiste, simulation dynamique, gestion et l’exploitation des données des immeubles intelligents (smart building), création d'objets pour les bibliothèques, …

Les fabricants de matériaux intègrent, eux aussi, progressivement le processus BIM, à l'exemple de Legrand, Niko, Lafarge, … Un passage obligé pour leur pérennité et en même temps un argument commercial.

 

Le BIM - Menace ou opportunité ?

Le Moniteur (France) a récemment publié un article enthousiaste sur les possibilités de collaborations internationales offertes par le BIM et de citer : « A Aubervilliers, un projet d’habitat d’urgence fait appel à une solution modulaire. Du très classique, sauf que l’architecte est réunionnais, la conception technique malgache et la préfabrication portugaise. Le partage des fichiers de conception a permis ce travail multi-sites. ».

La lecture de cette délocalisation peut être tout autre comme en témoigne le retweet de l’Association Royale des Architectes de Liège (ARALg) :

 

 

... A suivre : Construction et évolution numérique – La réalité virtuelle/augmentée (2/2) ...

 

A noter que l’UNTEC a mis en ligne d'autres conférences tout aussi intéressantes sur le BIM, avec un angle d'attaque différent.

 

Sources :
- « Maquette numérique : comment adapter les contrats de construction au BIM », Frédéric Gillion, avocat associé (Pinsent Masons), 24/07/2014 17:04 (Mis à jour le 04/08/14 11:56), Le Moniteur Hebdo, www.lemoniteur.fr
- « BIM : Lancement d'un guide des bonnes pratiques pour la construction en Belgique », 05/10/2015, www.architectura.be
- www.ifma.be
- « Normalisation - Contribution d’EBC à GeoBIM Europe 2015 », Bulletin européen EBC, décembre 2015, page 7, www.ebc-construction.eu
- « BIM et contrôle technique désormais connectés », 25/02/2016 19:42, www.batiactu.com
- « Passer au BIM – La formation sur tous les fronts », Olivier Celnik (e-mastère BIM Ecole des Ponts ParisTech), Cédric Dziubanowski (Académie de Nantes) et Ana Guevara (formatrice à l’Untec), lors du 43ème congrès, juin 2015
- www.jtav.eu
- « Neuf dirigeants sur dix ne connaissent pas le Plan Numérique », 09/11/2015 17:37, www.batiactu.com
- http://formations.batiactu.com
- « Conception et production délocalisées grâce au BIM », 17/02/2016 11:54, www.lemoniteur.fr
- « Nouveaux produits Revit - Les produits Niko sont désormais pris en charge par BIM », projecto.pmg.be
-
« Lafarge commence à 'BIMiser' ses produits et systèmes », 06/01/2016 17:23, www.batiactu.com
- « Neuf dirigeants sur dix ne connaissent pas le Plan Numérique », 09/11/2015 17:37, www.batiactu.com
Source de la photo (utilisée à titre d’illustration) : pixabay.com (CC0 Public Domain - Libre pour usage commercial - Pas d'attribution requise). Son utilisation n'engage en rien l'auteur sur un soutien ou un entérinement éventuel du contenu de l'article.

 

Si non, en voici quelques points importants.

 

Le BIM a été inclus dans la formation initiale du bac jusque la licence pro et ce, en mode projet, suscitant un réel engouement des élèves.

Il est proposé en formation continue, longue et diplômante (master – 13 semaines) à des professionnels en exercice (architectes, ingénieurs, …). Les attentes des participants sont variées : 10% souhaitent devenir BIM manager (encore faut-il que la fonction soit clairement définie), 40% veulent simplement exercer leur métier avec les outils de demain et 40 % voient à travers le BIM une opportunité de développer des activités complémentaires (coaching, formation, …)

Les professionnels peuvent également suivre des modules courts :

Le niveau 1 correspond à une journée d'initiation (le matin, de la théorie; l’après-midi, une découverte pratique avec la manipulation de maquettes numériques).

Le niveau 2 propose deux modules d’une semaine « La pratique BIM pour un technicien ou un économiste de la construction » et « La stratégie BIM en entreprise ». La formation peut se prolonger d’une semaine de stage en entreprise. L’objectif est double, comme pour les élèves, ils s'enrichissent des projets réels de l’entreprise mais y apporte leur expertise du BIM et leur montrer le potentiel du BIM.

Les points d’attentions suivant sont abordés : difficulté de trouver le bon moment pour l’offre, résistance au changement (même d'outils numériques), gestion prévisionnelle des compétences 2.0, certification des compétences en l’absence de diplôme, montée en compétence des professionnels,  association de toutes le profession au travail collaboratif, …