Comme aime à le rappeler la Fédération Française des Tuiles et Briques (FFTB), la brique est « au cœur de la construction durable ». Il ne s’agit pas uniquement de promouvoir un produit.
Loin ici l’idée de tout greenwashing car la brique a effectivement toutes les qualités requises pour être considérée comme durable.
Durable
La brique s’inscrit dans un circuit court et favorise l’emploi local. En France, seuls 5 % des produits consommés sont fabriqués hors frontières. La brique est liée à son argile. Implanter le site de production à proximité de celui d’extraction va de soi. Jusqu’à présent pour ce segment, la délocalisation a peu de sens.
Les déchets issus de la fabrication ou les produits non conformes partent vers d’autres destinations telles que le remblayage, le revêtement de surface (brique pilée des terrains de tennis), ... Dans certains cas très particuliers où des irrégularités rappellent des techniques anciennes de fabrication, les briques sont utilisées pour la restauration de bâtiments historiques.
Sa durée de vie est longue. Elle fait le lien entre les générations, d’hier à demain. Des bâtiments vieux de plusieurs siècles sont toujours prêts à affronter l’histoire.
Durable … jusque dans le détail : les fabricants veillent à utiliser des palettes consignées et celles qui sont déclassées partent comme combustible.
Plus globalement, l’objectif de tout le cycle est de préserver les ressources naturelles, réduire l’impact environnemental, dont l’empreinte carbone.
Ce matériau possède également une certaine inertie qui, suivant son utilisation, participe au confort thermique du bâtiment.
#Brique #TerreCuite, c'est simple de faire durable
— FFTB (@_FFTB_) January 12, 2021
La meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas :
isolation
économies d’énergie
confort été comme hiver
Brique terre cuite : pour la #construction pérenne et performante
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Circulaire
Une circularité d’une brique peut être considérée comme à double entrée :
- intrinsèque : lorsqu’un bâtiment est sélectivement démoli, elle peut être décapée et repartir en maçonnerie. Si son état n’est plus satisfaisant, elle sera considérée comme un déchet inerte qui broyé ou non, servira, entre autres, pour du remblai.
- par incorporation : il est tout à fait possible de remplacer une partie de la terre par des matériaux issu de la récupération à l’exemple du projet-pilote de Vandersanden qui teste l’incorporation de déchets d’acier dans ses briques. D’autres vont même encore plus loin comme la startup écossaise Kenoteq qui a développé une brique crue, K-briq, composée à 90 % de déchets de construction. Mais est-ce encore une brique ? Les chercheurs le pensent : son format et son poids sont similaires à ceux d’une brique traditionnelle mais elle est plus isolante et son processus de fabrication est nettement plus économe en énergie. Elle pourrait même convenir pour un usage extérieur. La production à visée commerciale devrait être lancée cette année et a pour but de répondre aux besoins de l’Ecosse voire du Royaume-Uni fortement liés à l’importation.
Vernaculaire
L’histoire de l’architecture en terre a presque commencé avec celle de l’humanité. Adobe, pisé, … et pourquoi pas la brique, un matériau qui a toutes les qualités requises pour traverser le temps.
Ces qualités, elle les tire de l’argile dont elle est fabriquée. Une occasion de lire l’excellent article rédigé dans le cadre de la Fête de la science 2020 par Mesdames Liva Dzene et Jocelyne Brendlé (Université de Haute Alsace). Il traite des minéraux argileux, explique comment ils ont fondé les bases des plus prestigieuses civilisations (écriture, santé, construction, …), cette structure qui leur confère des propriétés exceptionnelles mais aussi leurs limites. Consulter l’article via le lien du tweet (ou celui des sources).
Les minéraux argileux, sources d’innovation depuis des millénaires https://t.co/KHJROPMuzV pic.twitter.com/XKByTqtWdC
— The Conversation France (@FR_Conversation) November 3, 2020
Matériau local, la brique participe à la création de la spécificité paysagère de son environnement. Matériau ressource et techniques traditionnelles génèrent une architecture vernaculaire influencée par le contexte économique et culturel, d’où des variantes historiques et géographiques.
L'avènement de la technologie et de l’industrialisation a jeté dans l’oubli les incomparables qualités de ces bâtiments. Nous avons tout intérêt aujourd’hui à nous pencher sur le sujet car ils portent en eux des solutions oubliées / négligées dans nos pratiques architecturales contemporaines (qui deviennent les maux de nos sociétés) : bioclimatisme, efficacité énergétique (tant pour conserver la chaleur que la chasser), acoustique, adéquation aux aléas climatiques, lien social, ….
Voilà pourquoi la brique, durable par essence, se révèle indémodable …
Multiple
La diversité de solutions offertes par la brique n’est plus à démontrer. Mille possibles s’ouvrent aux créateurs : forme, format, couleur, texture, appareillage, assemblage, modénature, ... Y a-t-il seulement des limites ? L’intérêt qu’elle suscite est toujours bien réel malgré la montée en puissance, récente ou non, d’autres courants (impression 3D, béton, verre, bois, …). Pour preuve, le nombre de projets présentés dans les concours qu’ils lui soient spécifiquement dédiés ou non. Pas moins de 789 projets représentant 53 pays ont été rentrés pour le Brick Award 22 organisé par le groupe Wienerberger.
D’autres activités lui sont dédiées. Il vous reste quelques jours pour profiter de l’exposition « Brique un jour, briques toujours », organisée au Famenne & Art Museum (Marche-en-Famenne ). Eh oui, la brique, matériau de construction par excellence est aussi matière d’artiste qui a inspiré des plasticiens belges aussi célèbres que Jean-Michel Folon ou René Magritte. Cette exposition, qui se clôture le 30 septembre, vous propose de le découvrir à travers des dessins, des peintures, des vidéos, des jeux, … tout au long d’un parcours expérimental pour toute la famille.
Un bonus de la Bibliothèque nationale de France (via Gallica, sa bibliothèque numérique)
Bonjour à toutes et à tous! Ce matin, @GallicaBnF vous présente "La brique et la terre cuite", par Pierre Chabat, publié entre 1881 et 1882. Cette étude, richement illustrée, présente la fabrication, les usages et les motifs autour de ces matériaux.
— Gallica BnF (@GallicaBnF) September 23, 2021
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A suivre : « La brique ce matériau éternellement durable – Modulaire, rigide ou souple ? (2/3) »
Sources :
- « BRIQUE TERRE CUITE Au cœur de la construction durable », Batirama, 09/11/2020, www.batirama.com
- www.briques.org
- « Vandersanden crée des briques à base de déchets d'acier », Wouter Polspoel, 01/08/2020, circubuild.be
- « Kenoteq launches brick made almost entirely of construction waste », Rima Sabina Aouf, 02/03/2020, www.dezeen.com
- « Les minéraux argileux, sources d’innovation depuis des millénaires », Liva Dzene (Maîtresse de conférence en chimie, Université de Haute Alsace) et Jocelyne Brendlé (Directrice de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Mulhouse, Université de Haute Alsace), 02/11/2020, theconversation.com
- « What is Vernacular Architecture ? », Camilla Ghisleni ( traduit en anglais par Tarsila Duduch), 25/11/2020, www.archdaily.com
- « Brick Award 22 : les briques restent populaires auprès des architectes », Wienerberger, 03/05/2021, www.bativox.be
- « Brique un jour, briques toujours », 03/06/2021, www.lejournaldelarchitecte.be
- www.famenneartmuseum.be
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Mise à jour 23/09/2021 (ajout du Tweet de Gallica sur "La brique et la terre cuite", par Pierre Chabat