C'est une grande maison construite en 1994. Bien entretenue, elle a bel aspect.
Jusqu'en 2011, elle a abrité une famille recomposée et les bureaux du propriétaire. La pension est arrivée, les enfants ont quitté le nid. La profusion d'espace disponible suscite la réflexion chez ce couple fort attaché aux valeurs environnementales. Deux orientations se dégagent :
- diviser le bâtiment,
- améliorer le confort.
Diviser le bâtiment
Vu son volume, la maison peut être divisée en 3 logements dont un pour les propriétaires. L'option se heurte au règlement urbanistique : le bâtiment est situé en zone d'intérêt paysager qui limite l'occupation du sol à un logement sur 9000 m². La tendance actuelle à la densification, le respect du volume existant, les améliorations énergétique et environnementale envisagées sont autant d'arguments logiques qui convainquent les autorités du bien-fondé des demandes de dérogation.
Améliorer le confort
Un audit montre les faiblesses énergétiques de l'habitation. Son coefficient K est évalué à 71. Il est nécessaire de traiter les ponts thermiques et d'améliorer les performances des parois. La situation est corroborée par le propriétaire : si la consommation de mazout a toujours été sous contrôle, le confort thermique aurait pu être meilleur.
Une rénovation, au moins du logement parental, est décidée. Son objectif : diminuer les dépenses énergétiques tout en assurant un meilleur confort thermique. Le choix des techniques d'isolation et d'étanchéité à l'air est complexe.
→ Marie Trokay, architecte du projet, analyse différentes solutions pour les façades.
- isolation par l'intérieur : un tel choix implique de refaire tout le plafonnage. Or le propriétaire ne souhaite pas, au départ, toucher aux finitions intérieures. Les inconvénients de la technique sont mis en avant : perte de place, perte d'inertie thermique, difficultés de supprimer les ponts thermiques, notamment au niveau des murs de refend, ... L'idée est écartée.
- isolation de la coulisse : le creux de 7 cm contient déjà des plaques de polyuréthane de 4 cm d'épaisseur. Seuls 3 cm restent disponibles pour l'injection. Mais, l'isolation existante est-elle correcte, le creux propre ? Comment réaliser l'étanchéité à l'air ? ... Les aléas sont nombreux, la solution n'est pas retenue.
- isolation par l'extérieur sur la brique de parement : la mise en œuvre semble plus simple mais comment va se comporter le complexe avec sa lame d'air et son isolation ? Ce n'est pas évident, il vaut mieux chercher une autre solution.
- isolation par l'extérieur en démontant le parement : c'est finalement l'option choisie. La brique et l'isolation existantes seront démontées. Une membrane étanche est appliquée sur le mur porteur en blocs. Des caissons réalisés avec des poutres en I, fermés par des panneaux en fibre de bois, reçoivent l'isolation en ouate de cellulose. La finition est assurée par un bardage en cèdre (autre dérogation urbanistique, un seul matériau de parement accepté en zone d'intérêt paysager). Le logement garde son inertie et les ponts thermiques sont plus facilement supprimés. Pour le pied de mur, une isolation en verre cellulaire descend sur la maçonnerie enterrée jusqu'au pied de fondation.
La mise à nu des murs montrera la pertinence du choix. Alors que le bâtiment semble magnifique, les plaques d'isolants ne sont pas jointives ou carrément absentes, la coulisse contient des déchets, le mortier des blocs est discontinu !
→ Les autres composantes du projet
La toiture est également démontée (tuiles et sous-toiture) afin de poser correctement une nouvelle sous-toiture. De l'ouate de cellulose est insufflée entre les pannes. Une attention toute particulière est accordée au pied de versant pour la continuité des membranes d'étanchéité à l'air. Le pare-vapeur a été placé sur les plaques de plâtre du plafond existant de toutes les pièces de l'étage (chambres, bureau, salle de bains). Des tests d'infiltrométrie sont effectués avant la réalisation des finitions. La jonction des différents plans sont toujours des éléments critiques. Il faut absolument détecter les défauts d'étanchéité avant de refermer.
Les châssis sont remplacés. Les nouveaux, en pvc, standard passif, sont équipés de triple vitrage. Un poêle de masse assure, seul, le chauffage. Une ventilation double flux vient compléter l'ensemble.
En conclusion
Le choix des techniques les mieux adaptées est essentiel, les paramètres sont multiples (contexte, budget, souhaits du maître de l'ouvrage, ...).
Les rénovations révèlent souvent des imprévus, il faut savoir y faire face. Marie Trokay met en évidence l'importance de la bonne collaboration entre architecte et entrepreneur. C'est ensemble qu'ils doivent trouver des solutions et savoir se montrer très créatifs, surtout dans de telles rénovations.
Incidence en matière d'offre de formation : information aux stagiaires
Source : « Transformation d'une habitation unifamiliale en plusieurs logements – rénovation énergétique profonde d'un des logements », Marie Trokay, Architecte (Thonon-Remacle Bureau d'architectes SPRL) et Henri Balteau, Maître de l'ouvrage, cycle de conférences 'Le bâti ancien et l'éco-rénovation', salon Bois & Habitat, 21/03/2014, Namur
Source de l'illustration : « Folder Home Folder Icon » by Robsonbillponte, Iconset: iRob Icons, License : Freeware, iconarchive.com. Son utilisation n'engage en rien l'auteur sur un soutien ou un entérinement du contenu de l'article.
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