Le milieu marin a de tous temps fasciné l’homme. Découvrir les failles abyssales, des animaux ectoplasmiques, … spectres insondables …

Et si l’homme pouvait y habiter ? 

Dans cette série d’articles, nous partons à la découverte de projets existants ou futurs, réalistes ou déjantés mais qui tous ont en commun d’être les pieds dans l’eau.

Peut-être trouvent-ils leur source dans le roman de Jules Verne, Vingt Mille Lieues sous les mers. Des concepteurs et des investisseurs devenus adultes sont de tous ces lecteurs qui n’ont pas abandonné leur rêve. Lorsqu'ils se rencontrent, naissent des opportunités architecturales qui défient Poséidon.

Le premier article vous emmène dormir sous l’eau, non pas dans un aquarium mais dans l’océan. Ces 2 projets, l’un imaginaire, l’autre bien réel, exploitent le potentiel du tourisme sous-marin dans des sites paradisiaques. 

Un projet ambitieux

Dubaï, ville des tours très hautes et des îles très artificielles, est connue pour ses projets originaux. Certains voient le jour, d’autres resteront pour longtemps (voire pour toujours) de belles illustrations, à l’exemple du Water Discus, un concept d’hôtel partiellement sous-marin développé par les ingénieurs de Deep Ocean Technology, une société spécialisée des technologies du domaine océanique.

Avec un nom comme Water Discus, vous comprendrez aisément que le disque est au centre de la conception modulaire du bâtiment et ne manquerez pas l’allusion subliminale aux occupants du monde sous-marin.

Un module, le cœur du projet, est constitué de deux grands orbes superposés, l’un en aérien (de 5 à 7 m au-dessus de l’eau), l’autre en immersion (10 m sous la surface), reliés par une trémie circulaire pour la circulation verticale via escalier et ascenseur. L’ensemble est supporté par 3 colonnes prenant appui sur le fond marin, comme des pilotis.

  • Le disque inférieur accueille 21 chambres avec une vue imprenable sur l’environnement marin, un bar et un centre de plongée sous-marine et son sas qui s’ouvre directement dans l'océan ainsi qu’une chambre de décompression. Bien que conçu pour résister aux conditions climatiques difficiles, le disque a été prévu pour remonter automatiquement à la surface si sa stabilité était mise en péril.
  • Le disque supérieur se complète d’une série de petits satellites « détachables » pensés pour servir de radeaux de sauvetage en situation d’urgence. Cet ensemble reprend les parties communes et les installations de service : restaurant, spa, zone de loisirs, hall multifonctionnel avec piscine, ... jusqu’à un héliport.

Les modules peuvent être dupliqués autant de fois que nécessaire pour augmenter la capacité d’accueil, de l’hôtel au complexe de villégiature. Dans les années 2012-13, le projet a tourné dans les grands noms de la presse professionnelle : Archdaily, Dezeen, Archilovers, Designboom, … Il revient sporadiquement depuis lors sans réelle concrétisation.

 

Une suite de luxe

Conrad Muraka interior by Tyler Nous sommes aux Maldives, au cœur de l’océan Indien. Muraka vous y attend. Muraka ?

Ainsi s’appelle la suite de luxe du Conrad Maldives Rangali Island Resort (groupe Hilton).

Elle se développe sur deux niveaux :

→ un au-dessus de l’eau, très traditionnel, comprenant des quartiers pour un majordome en service H24, deux chambres, une salle de bain avec sa baignoire face à l’océan, une cuisine, un bar, une salle de sport, une terrasse avec piscine à débordement. .

→ un en-dessus de l’eau, le must, avec sa vaste chambre immergée à 6 mètres de profondeur. Les murs et le plafond incurvés en verre acrylique en font un poste d’observation idéal de la vie marine. Elle s’accompagne de sa propre salle de bain et d’un dressing, eux aussi, avec une large vue sur l’océan grâce à des fenêtres sol-plafond.

L’architecte maldivien Ahmed Saleem, spécialiste des complexes hôteliers, a collaboré avec l’architecte d’intérieur américain Yuji Yamazaki pour la conception de ce projet audacieux. L’idée est née en 2004 avec un restaurant immergé. L’étape suivante était une suite immergée. Après plusieurs années consacrées à l’étude et la réalisation, la technologie étant complexe, la suite a été mise en service en 2018. Une des difficultés, et non des moindres, était la cage d’ascenseur reliant la partie immergée à l’émergée.

L’ensemble est constitué d’éléments modulaires préfabriqués construits dans des ateliers à Singapour. La suite a été assemblée en atelier, amenée aux Maldives par bateau en une seule pièce (quasi 600 tonnes) et immergée. Elle a été arrimée dans l’océan grâce à des pieux de béton afin de résister aux marées. Une parfaite réussite au plus grand soulagement de tous les acteurs du projet ! Dans la vidéo ci-dessous, ils nous en parlent avec enthousiasme et nous emmènent sur le “chantier”. 

Relié à la terre par une passerelle, l’îlot est également accessible par hydravion (en trajet privé depuis l'aéroport) ou par hors-bord (à partir de l’hôtel principal). Vous l’aurez pressenti, cette escapade insolite est réservée à l’élite capable de débourser au minimum 50 000 US$ pour une nuit.

 

Et même une ville

Des vacances à la vie quotidienne, il n’y a qu’un pas. A une autre échelle, faisons confiance à l’architecte belge Vincent Callebaut pour nous faire rêver avec ses villes aquatiques de Lilypad à Aequorea.  

  

A suivre → Rêves aquatiques : des restaurants pas comme les autres

 

Sources :
- « Underwater Hotel: The Water Discus », 01/08/2012, Matt Watts, homeadore.com
- « Water Discus underwater hotel by Deep Ocean Technology », Emilie Chalcraft, 29/01/2013, www.dezeen.com
- « Aux Maldives, cette suite à 40 000 € la nuit vous permet de dormir sous l’eau avec les poissons », Maxime Delmas, 28/11/2018, creapills.com
- « World's First Underwater Hotel to Open in the Maldives », AD Editorial Team, 06/01/2019, www.archdaily.com
- « Le Muraka, Conrad Maldives », en.wikipedia.org
- www.conradmaldives.com
- vincent.callebaut.org
- « De nouvelles atlantides : quand les villes sous-marines refont surface », LDV Studio Urbain, 19/11/2018, demainlaville.com
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- « Conrad the Muraka interior », Tyler (travail personnel), 18/11/2018, Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license, commons.wikimedia.org

 

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