Quand la couleur change, elle nous raconte une histoire.

En voici 4 qui nous parlent de matériau, d’arbre, de mode et de route.

Quand la couleur change … le confort s’améliore

Ce nouveau matériau conceptuel développé par les scientifiques de l’Université de Chicago permettrait d’améliorer le confort thermique des bâtiments et, surtout, d’économiser de l’énergie. Il est actuellement au stade de prototype et se présente en plaquettes de 6 cm de largeur. A terme, il pourrait être utilisé comme un revêtement de façade sous forme de bardeaux.

Ce matériau composite change de couleur suivant la température extérieure grâce à une réaction chimique dans ses différentes couches dont du cuivre, du plastique et du graphène. Le changement de couleur n’est aujourd’hui visible que par imagerie thermique mais rien n’empêche d’imaginer qu’une pigmentation rende le phénomène perceptible à l’oeil nu pour une meilleure communication et sensibilisation.

Lorsque la température de consigne est atteinte, la réaction se déclenche : une infime pulsion électrique fait se déposer ou se retirer un dépôt de cuivre sur solution électrolytique à base d'eau, modifiant la quantité de chaleur infrarouge absorbée ou émise depuis le bâtiment :

  • lorsque le cuivre se dépose, le film devient du cuivre solide et le mode chauffage s’enclenche, la chaleur est captive.
  • lorsqu’il se retire, seule reste la couche aqueuse qui maintient un bâtiment frais.

L’apport énergétique n’est nécessaire qu’au changement d’état.

Les chercheurs estiment que la consommation d'énergie pourrait être réduite de 8 % pour le chauffage, la ventilation et la climatisation. Indépendamment du développement technologique, le coût des matériaux et la complexité de fabrication des éléments constitutifs (monocouche de graphène, microgrille d’or) restent un frein important.

 

Quand la couleur change … la forêt meurt

Triste constat en Europe. Les forêts se meurent. Comment le sait-on ? Elles changent de couleur comme l’ont montré des images prises par satellites.

Pour des essences toujours vertes (des conifères à feuillage persistant, comme l’épicéa), à des périodes totalement décalées (ce n’est pas l’automne), le brun domine. Lors des chaleurs estivales de 2022, les scientifiques ont visualisé ce brunissement sur 37% des forêts, en ce compris les zones incendiées. Les premiers constats datent de 2002 et depuis n’ont cessé d’évoluer dramatiquement.

Si certaines essences arrivent à supporter les cycles successifs de sécheresse, le cumul avec des températures élevées leur est fatal. Si elles n’en meurent pas directement, elles s’affaiblissent ouvrant la porte aux attaques parasitaires tels les scolytes et aux maladies. Les conséquences du changement climatique sont désormais bien visibles. C’est toute la sylviculture qui doit être repensée. La solution de remonter vers le nord des essences méditerranéenne n’est pas aussi idyllique qu’il y paraît. Nous ne sommes pas à l’abri d’un hiver rigoureux et elles n’y résisteraient pas.

Or, la forêt doit conserver les fonctions qui en font la richesse (même si elles sont parfois en conflit) dont :

  • être une ressource, n’est-elle pas indispensable à la production de bois tant pour la construction que le chauffage,
  • assurer le délassement si essentiel au niveau social;
  • séquestrer le carbone, une captation annuelle pour l’Europe estimée à 10% de ses émissions de CO2;
  • protéger la biodiversité.

Faire évoluer une forêt est un processus lent et s’inscrit dans un cycle lui-même en évolution, un défi de taille pour les gestionnaires. Les incertitudes restent nombreuses et la forêt est sous haute surveillance.

La Région wallonne, consciente des périls, y est très attentive tant pour les forêts publiques que privées.

 

Quand la couleur change … des dessins apparaissent

Lors de son défilé du 28 février dans le cadre de la Fashion Week parisienne automne-hiver 2023, la marque japonaise Anrealage a présenté des vêtements entièrement blancs … jusqu’au moment où les mannequins ont été exposés à un rayonnement UV. Des motifs inattendus de couleurs vives sont alors apparus. Pour cette collection, le créateur Kunihiko Morinaga a misé sur le photochromisme.

Un phénomène que nous connaissons bien avec les verres de lunettes qui foncent ou s’éclaircissent en fonction de la luminosité. Cette technologie est maintenant intégrée dans d’autres matières dont des tissus. Ces tissus, innovants et considérés comme intelligents, sont imprégnés de pigments photochromiques. Ils révèlent leur expression graphique sous l’action de lumière (UV). La dynamique est évolutive car l’intensité varie tout au long de la journée mais aussi des saisons.

Ici, la durée de réversibilité totale est de 3 minutes. 

 

Quand la couleur change … la sécurité progresse

Comme toujours un article très intéressant sur le blog « demain la ville » de Bouygues Immobilier, il traite cette fois de sécurité routière. Les carrefours sont les lieux de tous les dangers. Feux de signalisation, règles de priorité, rond-point, … diverses solutions existent pour y régler la circulation avec un maximum de sécurité. Rien de très ludique à moins d’une ou l’autre sculpture sur le rond-point. Et si un peu de peinture pouvait innover ?

Bien loin des traditionnelles bandes blanches, la grisaille de l’asphalte a été transformée en fresques largement colorées ! Asphalt Art Initiative, voilà l’idée émise et déjà testée par Bloomberg Philanthropies, le groupe philanthropique de l’homme d’affaire américain Mike Bloomberg dont l’objectif est d’améliorer la vie de tous en agissant dans cinq domaines essentiels : art, éducation, environnement, innovation gouvernementale et santé publique.

Pas de réaction chimique avec cette idée mais une action bien réelle en prévention routière. L’étude des projets déjà réalisés montre une diminution de la vitesse des automobilistes à l’approche des fresques avec un impact direct sur le nombre d’accident y compris ceux où les usagers dits faibles sont impliqués. Les piétons eux aussi ont tendance à mieux respecter les marquages qui leurs sont destinés. Mettre de la couleur dans la ville pour la sécurité du public qui la fréquente, n’est-ce pas une excellente idée ?

Bon à savoir : Bruxelles est reprise parmi des 19 villes européennes de la 3e vague de subvention.

Ou encore cet autre exemple en France, avec des lignes bien déroutantes :

 

 

Sources :
- « "Chameleon-like" facade material could help to heat and cool buildings », Rima Sabina Aouf, 14/02/2023, www.dezeen.com
- « Toutes les forêts européennes sont en train de changer de couleur et ce n'est pas bon signe », Karine Durand, 04/04/2023, www.futura-sciences.com
- « Changement climatique : quelles essences d’arbres pour renouveler la forêt? », Pascal Charoy (Forêts de France), 06/04/2021, www.forestopic.com
- « L'état des forêts wallonnes à l'ère des changements climatiques », Cozmin Lucau-Danila, 03/06/2022, www.cra.wallonie.be
- « Anrealage debuts colour-changing clothes at Paris Fashion Week », James Parkes, 10/03/2023, www.dezeen.com
- « Faut-il peindre les rues pour réduire les accidents de la route ? », Les Horizons, 17/01/2023, www.demainlaville.com
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