Ou comment mettre le prosumer au centre du marché de l’électricité
Autoproduction ? « Autoconsommation ! », me rétorquerez-vous. Et bien non, je persiste et signe : autoPRODUCTION. Oui mais bon, c’est choux vert et vert choux. Au final, nous parlons de la même chose : de la consommation de l’énergie photovoltaïque sur son lieu de production, c’est pinailler pour pinailler. Une chronique de Benjamin Wilkin.
Oui … et non, c’est une question de point de vue
Si je me place du côté du prosumer, ce qui m’importe, c’est que l'électricité que je consomme provienne le plus possible de mon installation photovoltaïque. Un peu comme si j’étais devenu mon propre fournisseur d’électricité : au-delà d’une éventuelle diminution de prix, la seule plus-value qualitative de mon nouveau fournisseur est qu’il m’assure une grande proportion d’énergie « verte ». Un prosumer a donc intérêt à ce que l’électricité qu’il consomme soit la plus autoproduite possible. |
Si je me place du côté du réseau électrique, ce qui m’importe, c’est de prévoir si j’aurai assez de production, d’où qu’elle vienne, pour assurer la consommation. Les réseaux étant dimensionnés en capacité décroissante vers la basse tension, mon souci spécifique « photovoltaïque » est d’éviter que mon réseau soit inondé de cette puissance solaire en plein midi (congestion, surtensions). Je souhaite donc qu’un maximum de la production photovoltaïque décentralisée puisse être, simultanément, consommée sur place. |
→ Autoproduction, mon souci est donc : d’où vient l’électricité que je consomme ? | → Autoconsommation, mon souci est donc : où va l’électricité photovoltaïque produite ? |
Non, ce n’est pas la même chose
Non, ce n’est pas la même chose, car l’impact d’un discours ou de l’autre est radicalement différent.
En effet, le point commun est que l’acteur visé est, dans les deux cas, celui qui vit sous les capteurs photovoltaïques. Et cette personne aura un comportement radicalement différent en fonction de la manière dont je m’adresse à elle.
Si je lui parle d’autoconsommation, je vais lui imposer le souci de « où va l’électricité que je produis ? ». Il s’agit évidemment d’une question hors de propos pour un non professionnel de l’énergie, il n’a ni les moyens techniques ni les connaissances pour pouvoir répondre efficacement à cette question, qui n’est pas non plus sa mission.
Si je lui parle d’autoconsommation – c-à-d s’assurer que la production soit la plus possible consommée sur place -, cela revient à sanctionner l’injection d’électricité sur le réseau. La réaction naturelle sera la consommation sur place à tout prix, voire même (et surtout) inutile. Une autre réaction naturelle serait le sous dimensionnement important des futures installations photovoltaïques.
Dans les deux cas, ces réactions sont un non-sens au regard des surcoûts de production que cela engendrerait, de l’incapacité à atteindre des objectifs renouvelables raisonnables et les nécessaires économies d’énergies.
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