Les exemples précédents ont montré que nous manquons trop souvent d’informations adaptées. Peut-on pour autant se fier aux labels ? Pour savoir quelle garantie apporte un label, il faut en connaître le contexte, l’origine, l’objet et le contenu, ...
En bref, être bien informé, attentif et faire preuve d’esprit critique.
Un label peut être européen, national, public, privé, émis par un constructeur, autocontrôlé ou encore vérifié par un certificateur indépendant, .... Les labels sont nombreux et leur foisonnement ne facilite pas la tâche.
Il faut savoir que la prise en considération des substances toxiques varie très fortement d’un producteur, d’un label à l’autre.
Monsieur Baden a trouvé un label mais apparemment un seul (Nature plus) qui prend en compte, au moins partiellement, les retardateurs de flamme organophosphorés comme le fameux TBEP que l’on rencontre dans les vitrifications. Lorsqu’on parle des COV, les valeurs limites sont très divergentes, on peut constater des différences de l’ordre d’un facteur 5. La valeur peut aussi changer suivant que le matériau est appliqué au sol, au mur ou au plafond.
Pour cet expert, les certifications environnementales touchent plutôt les lieux de travail. Qu’elles soient allemandes, américaines, anglaises, françaises ou luxembourgeoises,... elles prennent toutes en considération une série de paramètres environnementaux : économique, énergétique, technique, socio-culturel, ... Mais le nombre de paramètres consacrés à la santé et la part qui leur est réservée est négligeable sur l’ensemble si bien que les problématiques liées à la santé ne sont pas considérées à leur juste valeur. Le label n’est pas représentatif en terme de santé mais un matériau/ produit labellisé peut être sain. Monsieur Baden souligne qu’« il faut juste être très prudent ».
Il cite l’exemple d’un bâtiment luxembourgeois certifié DGNB – médaille d’or. Le premier bâtiment à l’être au Luxembourg. Eh bien, lui, il n’aurait pas envie d’y travailler. Et quand il montre le résultat de ses prélèvements ... moi, non plus !
Les valeurs d’orientation prévues par la certification sont bien respectées. Ce sont sensiblement les mêmes que celles du Ministère de la santé. Sont concernés les solvants (tout ce qui est volatil, y compris les COV), les aldéhydes. Par contre, les semi-volatils, les peu volatils, les biocides, les retardateurs de flamme, les phtalates, ... ne sont pas repris par la certification. Là les analyses révèlent la présence d’un biocide interdit (dans les cadres en bois des fenêtres), d’un retardateur de flamme polybromé en importante concentration, de phtalates (provenant des plastiques et PVC) dans des concentrations tout aussi importantes. Ces substances ne sont pas analysées dans le cadre de la certification ... ce n’est pas prévu. Alors DGNB-OR ? Oui, absolument ! Mais sain ?
Cette problématique des labels est généralisée. Le cas des produits de nettoyage en est un autre exemple. Combien sommes-nous à acheter de produits écologiques parce que c’est mieux ? Mieux pour l’environnement, peut-être mais certainement pas toujours pour la santé. Monsieur Baden et son équipe ont analysé plus d’une centaine de produits vendus en grande surface. Au niveau de la santé, ils constatent, trop souvent, peu de différence entre produit classique et écologique. Seuls 40% des produits labellisés respectent l’environnement et la santé (consultables sur le site sami.lu).
Oui, vraiment, la santé a besoin de vigilance !
A suivre …
Source : Cette série d’articles est tirée de la présentation « La qualité de l’air intérieur : impacts sur la santé, résultats d’analyses, sources de contamination, prévention », Ralph Baden, Ingénieur spécialisé en matériaux, Ministère de la Santé (Grand-Duché de Luxembourg) lors de la journée de conférences organisée par le Cluster Eco-Construction et ses partenaires du projet européen Interreg IV BatiD2 sur le thème « Santé & habitat : quelles implications pour les professionnels du bâtiment ? », le 23/10/2014 à Namur dans le cadre du salon Energie & Habitat 2014.
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