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L’usage du plomb remonte presque à la nuit des temps. Les Romains en faisaient, entre autres, des tuyaux d’adduction d’eau. L’usage a perduré. Longtemps.

Métal abondant, malléable et ductile, il convient parfaitement pour les travaux de toiture : toits complets, raccords, chéneaux, descentes, … 

 

A partir du 19e siècle, il a progressivement cédé la place au zinc puis à des alliages de zinc. Mais il n’est pas rare de le rencontrer en faîtage lors rénovations patrimoniales. Une intervention respectueuse de l’esprit constructif de l’époque se doit d’appliquer les savoir-faire anciens. C’est là que les FARCC (fiches d’aide à la rédaction de cahiers de charges) montrent tout leur intérêt, la bonne pratique s’étant, au fil des ans, perdue dans les mémoires.

Cette dernière publication porte sur le dimensionnement et la mise en œuvre d’un faîtage en plomb en 1, 3 et 5 pièces pour les toitures en ardoises naturelles. Le nombre de pièces varie suivant la complexité de la toiture et le budget du maître de l’ouvrage : de 1 pièce, solution économique pour les toitures modestes, à 5 pour les grandes toitures des édifices imposants (et même 7 en France), ces dernières étant parfois décorées. L’option des 3 pièces, la plus couramment utilisée, est aussi la plus polyvalente.

Pour une réalisation de qualité, des prescriptions précises sont de mise. Après la préparation du support, la définition de la nature et géométrie des matériaux, la fiche définit la mise en œuvre des tables de plomb pour chacune des familles de faîtage.

Il y a toutefois un bémol. Le plomb est dangereux pour la santé et l’environnement. C’est avéré, légiféré et la réglementation deviendra à terme encore plus contraignante. Les soldats de plomb sont plus à leur place dans les vitrines des collectionneurs que dans les mains de nos enfants. Les caractères d’imprimerie ont cédé la place à des méthodes d’impression digitalisées. Les canalisations d’eau potable sont le plus souvent en matériaux synthétiques.

Et en toiture ?

Des incendies tels que celui de Notre-Dame de Paris à la toiture en plomb provoquent de graves pollutions environnementales.

Lorsque l’eau de pluie ruisselle sur des éléments en plomb, elle se contamine. Elle n’a donc plus sa place dans les citernes et participe à la charge les rivières en métaux lourds. A noter qu’elle a déjà une charge « naturelle » en plomb provenant, entre autres, de l’additif utilisé pour son action antidétonante dans l’essence au 20e siècle.

Des précautions sont d’usage pour les travailleurs amenés à le mettre en œuvre et le masque de protection sera obligatoire pour les soudures.

Sa disparition n’est plus qu’une question de temps quel que soit son intérêt patrimonial. Il pourrait être remplacé par du zinc ou des membranes de type EPDM. Peut-être même un matériau biosourcé … n’est-ce pas dans l’ère du temps ?

Mais les choses sont-elles aussi simples ?

Qu’en est-il des rejets potentiels des autres matériaux ? Les PFAS ne sont-ils pas un sujet d’actualité récurrent ces derniers temps ?

Qu’en est-il de la durée de vie des solutions alternatives ? Si le matériau a une durée de vie de moins de 50 ans (comparé à 200 à 300 ans pour le plomb), la rénovation patrimoniale va-t-elle être réitérée 4 à 6 fois ? Ou le bâtiment va-t-il finir par être abandonné ?

Quels sont les compromis ? Un compromis est-il acceptable ? Quelles exceptions tolérer ?

Faut-il revoir les normes ? Leurs seuils ne sont-ils pas finalement très arbitraires ?

Grâce à leur étude, notre connaissance du comportement des matériaux va encore s’affiner. De nouveaux matériaux vont continuer à apparaître. Quel est l’impact d’un possible lobbying ? …

N’est-il pas audacieux, ce choix patrimonial, de soulever tant de questions délicates ?

 

 

Un peu de lecture supplémentaire ?

D'autres articles sur les FARCC (le site d’hébergement initial des fiches ayant été fermé, des liens peuvent ne plus être correctement dirigés. Aujourd’hui, vous retrouvez toutes les FARCC sur le site de l’Agence wallonne du Patrimoine) :

 

 

Sources :
- « Dimensionnement et mise en œuvre d’un faîtage en plomb en 1, 3 et 5 pièces » Jean-Christophe Scaillet & Angelo Rizzo, La Lettre du Patrimoine n° 74, 04-05-06/2024, pages 07-10, Wallonie patrimoine - AWaP
- agencewallonnedupatrimoine.be
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