Comment maçonner des blocs chaux-chanvre ? Y a-t-il des règles pour les enduits à la terre ? Quelles sont les méthodes à utiliser pour du béton de chanvre ?

Travailler avec du chanvre est souvent synonyme de formation. Ces formations peuvent être dispensées en direct par les fabricants (IsoHemp, …), par des EFT comme Le Trusquin, ou encore par des organismes privés ou publics (Le Forem, IFAPME, …). Un formateur en construction durable a récemment tenté l’expérience du béton banché avec les élèves et leur professeur venus dans un Centre de compétence.

Inscrits à une formation plus traditionnelle d’isolation (laine de verre, mousse PU), ils sont motivés, travaillent bien. Vite. Du temps se libère, une opportunité d’explorer d’autres techniques, d’autres matières. 

cuvellle-avec-chenevotteUne réflexion est menée sur des isolants alternatifs d’origine animale ou végétale et considérés comme écologiques : laine de mouton, plumes, ouate de cellulose, liège, paille, lin, … et, bien sûr, le chanvre. Dans l’atelier à côté des blocs-chaux chanvre, il y de la chaux et de la chènevotte en vrac. Ils décident d’expérimenter le béton de chanvre, en banchage.

D’office, les questions affluent, avec toujours le pourquoi.

Quels sont les ingrédients ?

Seulement de la chaux, du chanvre et de l’eau ? Oui !

En quelle quantité ?

Un sac de chaux aérienne (22 kg) pour 50 l de chanvre et 30 litres d’eau suivant l’onctuosité du mélange qui varie en situation réelle en fonction de sa destination (mur, plancher, …) et la technique de pose (projection, déversement). Et selon les chaux que l’on emploie, la recette varie aussi.

Comment les mélanger ?

melange-chaux-chanvre-avec-betonniereDans cet exercice, avec une bétonnière. Attention, il ne s’agit pas de tout y verser d’un seul coup. Il faut respecter un ordre et faire preuve de patience : l’eau est précisément dosée à l’aide d’un repère sur un seau. La chaux aérienne est alors incorporée à l’eau et une bonne dizaine de minutes sont nécessaires à l’homogénéisation du mélange eau+chaux. Ensuite, la chènevotte est incorporée peu à peu. Le premier mélange est une réussite. Un peu de précipitation de la part des stagiaires met en péril le deuxième mélange. Le formateur rappelle les consignes et le timing précis, les mélanges suivants sont tous bien réussis. Premier constat : c’est très simple si la « recette » et le timing sont respectés

Comment préparer le coffrage ? Sur quelle hauteur ?

vue-du-coffrage-pour-beton-de-chanvreUne petite ossature a été réalisée contre un mur pédagogique. Le coffrage est réalisé avec un panneau d’OSB. L’épaisseur du banchage est ajustée au moyen d’un astucieux système de vis de grande longueur.

Comment mettre en œuvre le béton en œuvre ?

Le béton est déversé (d’où l’importance d’une consistance adéquate).

Faut-il le tasser ?

Oui. Les élèves fabriquent avec des lattes un petit accessoire permettant de tasser le long de la banche. Le tassement est un travail d’équilibriste : il faut limiter le tassement le long de la banche et autour de l’ossature secondaire. Le reste doit rester aussi aéré que possible. N’oublions pas que l’isolant c’est l’air emprisonné dans les cavités du matériau. Un tassement excessif amoindrirait les performances du complexe isolant.

Quel temps d’attente pour les reprises ?

On débanche quasiment de suite et, normalement, si le tassement est correctement effectué, il est possible de monter une hauteur d’étage sur la journée car la prise se fait très vite.

travail-en-cours-beton-de-chanvre

Tous ont trouvé grand intérêt à cette réalisation, une première dans le Centre. Certains de ces élèves maçons y ont puisé des idées pour élargir le champ de leurs perspectives professionnelles. Une expérience à rééditer !

Au-delà de la technique nouvelle, cette formation est aussi l’occasion pour le formateur d’éveiller les consciences de ces jeunes stagiaires à des notions trop rarement abordées, telles que l’énergie grise, la production locale, le recyclage en fin de vie, …

Au final, les sensibiliser à la construction Durable avec un grand D !

 

 

Source : formation « Isoler en construction neuve : de la théorie à la pratique » du 19 au 23 mars 2018 - Guy Hallard, formateur en construction durable, Centre de Compétence Le Forem ConstruForm - Site de Châtelineau
Source des photos : photos prises pendant la formation ci-dessus © Guy Hallard (Le Forem)