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Pagnoux_facade_sudComment y arriver ?

La participation de tous les acteurs est essentielle : le maître de l’ouvrage, l’auteur de projet, le thermicien mais aussi les locataires. Si l’objectif est commun, les bénéfices sont aussi partagés : conscientisation et gestion efficiente, expérience et réalisation exemplaire, faibles charges et confort, ...

 

L’évolution

Les concepteurs peuvent se permettre de supprimer les émetteurs de chauffe traditionnels et coupler, en un seul système, le chauffage à la ventilation double flux. Pourtant cette proposition n’enthousiasme pas le maître de l’ouvrage. Pourquoi ?

Les bailleurs sociaux ont pour mission de construire et gérer un parc locatif, de récolter des loyers qui financent leurs opérations. Ils ne souhaitent nullement ajouter à leur charge financière et administrative la gestion des impayés de la facture énergétique de leurs locataires. La tendance est donc d’équiper chaque logement d’une chaudière gaz individuelle et de laisser le locataire indélicat se débrouiller avec son fournisseur d’énergie. L’Architecte Wislez avait rencontré la même problématique lors de la rénovation de ‘La belle jardinière’ à Angleur.

Pagnoux_bilan_des_chargesL’Architecte, Antoine Pagnoux, et le Thermicien, Vincent Pierré doivent argumenter avec le Toit Vosgien avant qu’il n’accepte de tenter l’expérience. Il est vrai que si l’on y regarde d’un peu plus près, elle est alléchante ! Qui ne rêverait de se chauffer pour 3 €/mois ? D’avoir une charge, hors électro-ménager, de 11 €/mois ?

 


 La mutualisation

 

Pagnoux_mutualisation_extrait_facadeLe bon fonctionnement d’un bâtiment collectif passif repose sur la mutualisation : tous les occupants doivent y participer. Un exemple ? Les gains solaires passifs. Le calcul montre qu’ils couvrent 30 % des besoins en chauffage. Mais si l’on prend en considération le facteur humain, ils seront quasi nuls !  Antoine Pagnoux s’est rendu compte que, dans le parc immobilier du Toit Vosgien, 70% des logements existants avaient leurs volets fermés pendant la journée (surchauffe ? intimité ? ...).

Faut-il pour autant imposer par contrat aux locataires d’ouvrir leurs volets ? Difficile ! Faut-il se priver de la performance solaire des bâtiments ? Triste ! La solution, c’est de supprimer les volets en façade sud. L’ombrage estival est assuré par le débord des balcons. Une fois de plus, il faut convaincre le maître de l’ouvrage ... changer les habitudes, c’est dur !

Dans les faits, la situation sera bien vécue par les locataires. Celui qui le souhaite peut toujours placer une occultation intérieure sans perdre le gain solaire. Les façades sud sont aussi équipées de brise-vue disposés aléatoirement. Brise-vue non pare-soleil car l’orientation des lames laisse passer le rayonnement solaire.  

 


 La sensibilisation

 

Pagnoux_cuisinSi tous les occupants de l’immeuble se sentent responsables et cherchent à faire des économies, c’est déjà une énorme progression. Dans cette optique de sensibilisation, le premier pas est fait par le maître de l’ouvrage (qui y trouve aussi des avantages).

  • La cuisine est toute carrelée → moins de maintenance.
  • Les hotte, plaque induction et four sont déjà en place, du matériel en classe A  → consommation réduite, moins de risque d’incendie puisqu’il n’y a pas de bouteille de gaz dans le bâtiment, de flamme ou de circulation d’énergie.
  • Les douches sont équipées d’une robinetterie Presto avec temporisation → c’est très certainement un choc culturel pour les occupants. Mais, si pour prendre une douche considérée comme normale, il faut appuyer 20 fois sur le bouton, la normalité pourrait être remise en question par l’utilisateur qui fera peut-être  plus attention à sa consommation.

 


 Le chauffage

 

Pagnoux_schema_de_principe_chauffage

  • 80 % des besoins sont couverts par le recyclage de calories
  • 15 % par la géothermie.

Une pompe à chaleur de 30 kw récupère l’énergie en sortie de VMC et l’extrait sur une douzaine de sondes implantées dans le terrain entre les deux bâtiments. L’énergie est envoyée vers un ballon. Si la consigne demande du chauffage, une batterie chaude à l’entrée de la VMC se met en route et fait appel à l’eau chaude provenant du ballon.

  • Les 5 % restant qui servent à faire fonctionner l’ensemble du système proviennent d’un producteur certifié (abonnement collectif au nom du maître de l’ouvrage).
  • Même si c’est anecdotique, il avait été prévu de récupérer l’énergie cinétique du freinage de l’ascenseur. Mais vu les dernières évolutions, les pertes de l’ascenseur sont devenues très réduites et la récupération était négligeable.

 


 L’eau chaude sanitaire

 

Pagnoux_schema_de_principe_eau_chaude_sanitaireLe schéma de principe pour la production d’eau chaude sanitaire est très similaire à celui du chauffage : 15 %  des besoins sont assurés par la récupération sur la VMC double flux et à la production de la PAC. Viennent s’ajouter :

  • le solaire thermique qui assure 50 % des besoins ;
  • la récupération de chaleur sur l’évacuation des douches via un échangeur en cuivre (Power pipe) sur la décharge des douches.

L’ensemble Jules Ferry, c’est 100% d’énergie renouvelable. La récupération optimale s’obtient par la mutualisation, la simplicité de conception, la centralisation et la verticalité des gaines techniques.

 


 Le contrôle

 

Pagnoux_groupe_de_ventilationLes deux immeubles sont instrumentés. Il est possible de voir en temps réel la température extérieure, l’hygrométrie, le vent, la température intérieure d’un logement, l’énergie consommée par le locataire, ... L’instrumentation permet un suivi de leur bon fonctionnement.

A suivre ...

 


Sources : « 48H pour être passif », journée de conférences dans le cadre du projet Greenov, organisée par le Cluster Eco-construction, 22/05/2014, Beez  - Compte rendu des présentations de :
- Antoine Pagnoux, Architecte, ASP Architecture, asparchitecture.fr
- Vincent Pierré, Thermicien, Terranergie Vosges
Source des illustrations : présentation de l’Architecte Antoine Pagnoux