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Pagnoux_residence_Jules_Ferry_perspective_angleEn 2006, amener Le Toit Vosgien à se passer d’émetteur de chaleur était déjà un défi colossal en soi. Le pousser dans ses derniers retranchements pour l’orienter vers une construction en paille n’était pas envisageable. Les années ont passé. Le maître de l’ouvrage, Antoine Pagnoux et Vincent Pierré ont poursuivi leur cheminement, leur parcours s’est enrichi.

Un deuxième éco-projet voit le jour : l’ensemble Jules Ferry, 26 logements en collectif livrés fin 2013. Mêmes acteurs, même objectif, un résultat autre.
Pourquoi ?

La différence de typologie et, surtout, l’évolution des mentalités.

Toujours à la recherche de charges minimales pour les locataires, Le Toit Vosgien souhaite cette fois un bâtiment à énergie positive. Architecte et thermicien lui démontrent qu’il n’a aucune maîtrise sur les consommations individuelles des locataires. De ce point de vue, vouloir équilibrer par l’installation de panneaux photovoltaïques n’est pas non plus rentable. Il vaut mieux concentrer son effort pour « juguler les dépenses énergétiques plutôt que les compenser ».

 


Les avantages

 

Pagnoux_terrain_Residence_Jules_FerryLe terrain est aussi situé en ville, 2500 m² avec un bâtiment existant récemment rénové en centre d’information et en hôpital de jour.

La dénivelée naturelle sera exploitée pour amortir les hauteurs des bâtiments et étager les niveaux selon la typologie existante, une intégration architecturale très réussie.

Une implantation intelligente valorisera l’orientation nord-sud tout en conservant un bel arbre dans un espace central végétalisé sans qu’il devienne un masque solaire.

 


Une étude hiérarchisée

 

Pagnoux_vue_d_ensemble_residence_Jules_Ferry1. Simplicité : la recherche volontaire de la simplicité est à la base des projets de Monsieur Pagnoux. La réflexion porte sur une architecture simple, compacte et répétitive qui garantit le bon déroulement du chantier.

2. Centralisation : les structures porteuses et les logements s’organisent pour se superposer verticalement. Tous les points d’eau sont regroupés : une distribution ultra courte, économe, facile à réaliser et entretenir.

3. Bioclimatisme : tout gain solaire gratuit est bon à prendre. Ici, les apports solaires gratuits couvrent 30 % des besoins en chauffage. Au sud, les locaux de vie s’ouvrent sur un balcon, protection solaire pour l’été et espace d’agrément. Les circulations par coursives occupent la façade nord.

4. Cohérence : pour en optimiser les performances, l’enveloppe doit être la plus homogène possible et, pour réduire à la source les besoins énergétiques, l’isolation, continue.

 


Le système constructif

 

Pagnoux_systeme_constructif_CLTComme dans le projet précédent, les parois structurelles seront en bois massif de 15 à 17 cm d’épaisseur (contre 10 cm pour les Toits de la Corvée).

S’y vissent des caissons autoportants remplis de bottes de paille ou de cellulose insufflée pour les parties horizontales. Ces caissons constituent un élément structurel pour le bardage. Un assemblage astucieux recrée une poutre en I apte à recevoir contre-lattage et lattage et fait l’économie d’une ossature secondaire.

Pagnoux_detail_chassis

 

Au final :

  • une importante préfabrication qui se déroule en atelier pendant la réalisation des fondations et des dalles, à l’abri des intempéries et qui permet un montage extrêmement rapide sur chantier. La structure bois du R+7 a été montée en moins de 2 mois.
  • des parois très épaisses de 70 à 80 cm où l’encastrement des châssis triple vitrage doit être soigneusement pensé pour optimiser l’éclairage. Mais aussi des parois perspirantes, sans pare-vapeur, qui créent une régulation hygrodynamique naturelle de l’ensemble du bâtiment.

Un peu de produits issus de la pétrochimie sera utilisé pour isoler les fondations.

Pagnoux_facades_Jules_FerryCoursives et balcons sont des structures autoportantes en métal ponctuellement raccrochées pour éviter le déversement avec un système très simple de platine bois qui évite un pont thermique.

 

 


Pourquoi du CLT ?

 

Pagnoux_detail_assemblage_elements_CLTLe choix du bois massif, multifonctionnel, est tout bénéfice. Une telle technique travaille en :

  • structure, nous l’avons vu
  • enveloppe : peau homogène, massive et simple
  • étanchéité à l’air : facile à réaliser et 100% fibres végétales
  • finition intérieure : laissé apparent en intérieur
  • incendie : résistance au feu
  • sismique : reprise des efforts latéraux
  •  ....

Pagnoux_vue_sejourL’isolation acoustique a aussi été prise en compte par l’auteur du projet, surtout au niveau des murs mitoyens (boudins résilients acoustiques pour éviter la transmission d’une façade à l’autre), des planchers (isolation sous chape), ...


Voilà un projet qui a relevé plusieurs défis : sa performance énergétique lui vaut un label Passive House sans avoir été un objectif en soi. Le R+7 est aussi le plus haut bâtiment à ossature bois en France, voire le plus haut bâtiment isolé en paille au monde.


A suivre ...


Sources : « 48H pour être passif », journée de conférences dans le cadre du projet Greenov, organisée par le Cluster Eco-construction, 22/05/2014, Beez  - Compte rendu des présentations de :
- Antoine Pagnoux, Architecte, ASP Architecture, asparchitecture.fr
- Vincent Pierré, Thermicien, Terranergie Vosges
Source des illustrations : présentation de l’Architecte Antoine Pagnoux