La gestion énergétique d'un bâtiment est souvent mal maîtrisée, ce qui peut conduire à des dérives importantes de la consommation et donc du prix payé pour l'exploitation d'un bâtiment. La connaissance de l’état de fonctionnement énergétique des bâtiments n’est possible que si une comptabilisation énergétique annuelle, mensuelle voire hebdomadaire est mise en place. Cette comptabilité énergétique, pour autant qu’elle soit suivie sur un intervalle régulier, permettra de suivre les consommations brutes du bâtiment, de repérer rapidement les anomalies de fonctionnement du système de chauffage ou de sa régulation, ou encore de mesurer les effets d’améliorations thermiques apportées aux bâtiments.

Le responsable énergie ayant procédé au relevé mensuel des consommations de combustible d’un bâtiment sur une période de 1 an remarquera que les consommations relevées varient de façon inverse avec la température extérieure enregistrée. La mise en graphique des consommations mensuelles en combustible ainsi que de la température mensuelle moyenne permettra d’obtenir l’allure du profil de consommation représenté dans la Figure 1.

consommation_combustible_temperature_mensuelle_moyenne

Figure 1 : Graphique représentant le profil des consommations mensuelles en combustible sur une année en fonction des températures moyennes annuelles climatiques.

La comparaison de deux consommations en combustible relevées sur deux périodes déterminées ne pourra être réalisée que si le climat sur sur ces deux périodes est identique. Or, en pratique, cela n’est, pour ainsi dire, jamais le cas. C’est pourquoi, afin de pouvoir réaliser la comparaison, il est nécessaire de transformer artificiellement la consommation de combustible pour la rendre indépendante à la période climatique d’enregistrement. Cette opération est appelée « normalisation climatique ».


La normalisation climatique va permettre de calculer la consommation telle qu’elle aurait été si le climat de la période d’enregistrement des consommations avait été celui d’une période climatique de référence et de même durée. La normalisation d’une consommation est donc toujours établie en fonction d’une période climatique connue (et dont nous disposons des consommations) et une période climatique de référence. En pratique, une simple règle de trois sera réalisée en multipliant la consommation par une valeur de rigueur climatique de référence et en la divisant par la valeur de rigueur climatique du lieu et de la période d’observation.

Pour évaluer la rigueur du climat, on utilise une notion appelée « degrés-jours » (DJ). Ceux-ci sont une simplification des données météorologiques car ils sont le résultat d’une opération dont le seul paramètre météorologique pris en compte est la température de l’air extérieur. En effet, le nombre de degrés-jour d'une période de chauffage est égal au produit du nombre de jours chauffés multiplié par la différence entre la température intérieure moyenne de consigne considérée et la température extérieure moyenne.

formule_1_DJ

Autrement dit, le nombre de degrés-jours représente le nombre de degrés d’élévation de la température que va devoir supporter le système de chauffage d’un bâtiment entre une température extérieure connue et une température de consigne intérieure fixée. Cette notion, bien qu’assez représentative de la rigueur climatique doit être utilisée avec toutes les précautions nécessaires pour effectuer une normalisation des consommations de combustibles.

En pratique, pour réaliser la normalisation d’une consommation, la formule suivante sera employée :

formule_2_consommation°normalisee

avec :

  • DJ Normaux du lieu : le nombre de degrés-jours de référence qui peuvent soit être les degrés-jours moyens des 30 dernières années climatiques ou les degrés-jours d’une année climatique de référence.
  • DJ du lieu de la période d’enregistrement : le nombre de degrés-jours correspondant à la période des consommations à traiter.


Les températures de base des degrés-jours les plus facilement disponibles en Belgique, soit en base 15/15, soit en base 16,5/16,5. Ces températures de base représentent la température de consigne intérieure corrigée (pour tenir compte des apports solaires et internes) qui marque pour une même température extérieure le début et la fin du chauffage dans le bâtiment. En d’autres mots dans chacune des bases, la valeur de gauche représente la température moyenne de confort sur 24h sur l’ensemble du bâtiment et sous notre climat. La valeur de droite représente la température extérieure en deçà de laquelle on considère qu’il y a des besoins en chauffage et qui sert à délimiter la période de chauffe.

Historiquement, la base 15/15 est établie en considérant que la température moyenne de confort sur 24h dans un bâtiment est de 18°C auxquels on retranche 3°C apportés par l’énergie solaire et les gains énergétiques internes (éclairage, bureautique, personnes, …). C’est la base de degrés-jour utilisée par l’IRM. Le secteur du gaz a, quant à lui, considéré que la période de chauffe commence à 16,5°C plutôt qu’à 15°C. De ce fait, la base 16,5/16,5 a ainsi été créée.

Toute analyse de normalisation des consommations peut donc être réalisée (selon le type de bâtiment) en fonction d’une base de degrés-jour ou de l’autre. Ce qui est essentiel, c’est de toujours conserver la même base pour être en mesure de faire une comparaison diachronique qui soit correcte et cohérente. Pour les bâtiments industriels, une autre base pourrait aisément être créée, tenant compte d’apports de chaleur supplémentaires (déperditions thermiques d’équipements), ainsi que de conditions de température de conforts différentes.

 

  A suivre - Découvrez les conditions d'application la semaine prochaine ...

 

Ivan Ottaviani & Jean-Benoît Verbeke

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