Pseudomonas_Aeruginosa_lavage_mains_ifpvpsRésumé des épisodes 1 et 2 : Des experts allemands publient un rapport. Sans obligation de déclaration en Belgique des incidents de contamination, Pseudomonas reste discrète. Le formateur garde son devoir d’information. 

Episode 3 : Pseudomonas, la guerre est déclarée ?

 

Un de mes collègues, souffrant, consulte son médecin. Lorsqu’il apprend que son patient fait un usage sanitaire de l’eau de pluie, il brandit vers lui un doigt impérieux et lui assène « Plus jamais, cela ! ». A la lecture d’une étude du Centre Scientifique et Technique de la Construction (CSTC) sur La qualité de l’eau à la sortie du robinet, publiée dès 1993, la fermeté de l’injonction s’éclaire  … et de citer le CSTC : « Le captage d’eau privé ou l’utilisation d’une eau de pluie à des fins sanitaires présente des risques manifestes, ces eaux ne satisfaisant pas, dans les cas étudiés, aux prescriptions en vigueur pour les eaux potables. »1.

Pseudomonas était présente dans l’eau de distribution provenant du réseau public et dans l’eau de pluie. La contamination, non négligeable, constatée sur les prélèvements d'eau de distribution au robinet serait cependant attribuée à un défaut d’entretien de l’installation. La stagnation de l’eau dans les conduites constitue aussi un facteur favorable à la prolifération. Les installations privées sont tout à fait susceptibles d’être contaminées. Or de plus en plus de particuliers ont tendance à utiliser l’eau de leur citerne comme eau sanitaire. 

La prévention est une étape indispensable vu la difficulté de vaincre cette bactérie.  

 

Une première réflexion intervient dès la conception de l’installation  

  • éviter le surdimensionnement des canalisations
  • limiter la stagnation de l’eau : les bras morts, on l’a vu, sont donc à éviter autant que possible. En Suisse, l’utilisation d’une culasse double au raccord des appareils sanitaires se répand de plus en plus. Celle-ci permet de tirer à flux continu dans le réseau, l’eau ne stagne plus quelque soit le point de puisage. Ce type d’installation pourrait être comparé à un réseau monotube en chauffage.
  • privilégier les tracés et le matériel ne permettant pas le réchauffement accidentel de l’eau froide lors de son cheminement dans l’installation (chaufferie, électrovannes, robinetterie, …) - attention, éviter la proximité des tuyaux de chauffage, ne pas emballer la canalisation d’eau froide dans la même gaine isolante que celle d’eau chaude
  • équilibrer la pression dans le réseau (éviter le transfert de l’eau chaude vers l’eau froide via les robinetteries, vannes, clapets ou autre équipements faisant partie de l’installation)
  • préférer, même pour les réseaux d’eau froide, des matériaux capables de supporter un choc thermique. En effet, pouvoir monter en température est important mais risque de détériorer l’installation si elle n’a pas été prévue pour. Les dégâts occasionnés à la matière créent par la suite un climat favorable à un nouveau développement.
  • choisir des mélangeurs et mitigeurs équipés d’une butée de limite de température avec, le cas échéant, équilibreur de débit/pression et bypass pour la désinfection
  • intégrer éventuellement dans le réseau des appareils spécifiques pour des actions périodiques de prévention ou, le cas échéant, des actions de décontamination.
  • … 

 

Une deuxième lors de l’usage de l’installation 

  • éviter la contamination de l’installation au niveau des points de puisage (lavage des mains)
  • planifier et procéder régulièrement à l’entretien du réseau jusqu’aux points de puisage, en ce compris des vérifications périodiques avec mesures et analyses
  • respecter des mesures d’hygiène simples mais efficaces lors d’intervention sur l’installation (contacts eaux usées/eaux potables ou eau de pluie/eau potable, changement ou nettoyage de filtres, de siphons, …)
  • remplacer les canalisations et accessoires défectueux ou vieillissants
  • organiser des rinçages périodiques de l’installation
  • … 

L’installateur sanichauffage est concerné par la qualité de l’eau.

Son savoir-faire est le meilleur outil de prévention. 

Et si, malgré toutes les mesures de prévention, une contamination se déclare … (à suivre) 

 

Sources :

  1. « La qualité de l’eau à la sortie du robinet », Karel De Cuyper, ir., chef de la division Equipements techniques & automatisation, CSTC et Karla Dinne, ing., chercheur, division Equipements techniques & automatisation, CSTC, CSRC magazine, hiver 1993, pages 11-20
  2. « Hygiène de l’eau dans les installations résidentielles », Arbeitskreis Trinkwasserinstallation & Hygiene, Constatations d’experts allemands, L’Entreprise, n°871, novembre 2010, pages 44-47
  3. « Prévention et lutte contre les Pseudomonas aeruginosa dans les réseaux d’eau sanitaire », Jacques Naitychia, ancien Gestionnaire des risques dans les réseaux sanitaires à l’Assistance plublique-Hôpitaux de Paris – Société Isagua Concept, septembre-octobre 2008) TH711, www.hopital.fr, consulté le 12/01/11