peintre_durable_by_MashaOui, mais au-delà du choix d'une peinture, c'est une question plus générale de comportement dans la vie de tous les jours et, aussi, dans la vie professionnelle.


En quoi un peintre durable est-il différent ?

Les trois piliers du développement durable (écologique, économique et sociétal) sont connus du peintre durable. C'est ainsi qu'il sera sensible à la notion d’empreinte écologique. Il va intégrer, dans sa pratique, toute une série de gestes, de produits et de techniques pour la durabilité : énergie, déchets, pollution, économie, environnement, émission, bien-être, générations futures, ... sont quelques-uns des mots qui feront désormais partie de son vocabulaire.

Ainsi cheminant, il se différencie et rencontre les nouvelles attentes de ses clients. Son travail reste de qualité mais il épargne sa santé et la leur, économise les ressources, minimise ses déchets.

 

Quels comportements ?

Un peintre durable ...

  • organise ses chantiers et leur approvisionnement pour limiter les déplacements ;
  • gère ses matières premières : achat des justes quantités, étiquetage clair et lisible tant pour la sécurité que la pérennité des produits, stockage approprié (aussi sur chantier pour éviter les pollutions accidentelles), ...
  • se soucie de son matériel : choix du matériel adapté, entretien, ...

Sikkens_impact_environnementCe faisant, il a déjà indirectement généré moins de déchets. Il en reste cependant et il lui faut s’en préoccuper : traitement des eaux de lavage avant rejet, tri sélectif, conditionnements spécifiques, recyclage, ...

Toujours fidèle à sa ligne de conduite, il essaie en permanence de s‘améliorer dans sa démarche.

Vous me direz que, jusque là, il s’agit simplement une gestion en bon père de famille. Peut-être, mais un peintre durable choisit aussi ses produits différemment.

 

Quels produits, quelles techniques ?

Vertitude’, greenwashing et marketing rendent difficile un choix objectif. Peintures dites ‘naturelles’, peintures dites ‘écologiques’ ou encore ‘durables’, labels aussi variés que nombreux, tout concourt à compliquer la vie du peintre durable. Au-delà de la documentation commerciale, il doit donc lire attentivement les fiches techniques, comparer, s’informer. Le CSTC peut l’y aider et, de citer :

  • au sujet des peintures naturelles et écologiques : « Ces appellations ne sont pas réglementées. Elles ne répondent à aucun critère officiel et sont de la seule responsabilité des fabricants. Selon ces derniers, les peintures 'naturelles' tentent d'éviter les composants de synthèse. Soulignons toutefois que la définition du terme 'naturel' peut varier d'un fabricant à l'autre. En outre, 'naturel' ne signifie pas forcément 'non toxique'1 (lire l’article)
  • au sujet des labels : « En Belgique, on utilise généralement le label européen officiellement reconnu 'Ecolabel', qui est actuellement basé sur la teneur en COV. Les exigences de ce label sont plus strictes que celles de la directive européenne 2004/42/CE. De plus, il tient compte d'un certain nombre d'aspects écologiques tels que l'utilisation efficace du produit, la réduction des déchets, ... et fixe des exigences minimales concernant l'aptitude à l'emploi (étalement, adhérence, ...). » 2 (lire l’article)

Le CSTC attire également l’attention sur la différence entre ‘teneur’ et ‘émission’ de composés organiques volatils (COV). Les deux notions sont différentes : une peinture qui contient peu de COV pourrait avoir une forte émission.

Matières naturelles et COV sont finalement des termes récurrents lorsqu’on parle de développement durable.

Les peintures considérées habituellement comme naturelles sont à base d’huile, de chaux, d’argile ou encore de silicate de potassium.

Les peintures considérées comme classiques ont, quant à elles, vu leur composition évoluer suite à la directive européenne sur la teneur en COV. Les peintures solvantées ont progressivement disparu, remplacées par les peintures en phase aqueuse. Les fabricants comme Mathys ou Sikkens et bien d’autres mettent en avant l’évolution technologique de leurs produits, leurs efforts réalisés pour améliorer la qualité de l’air intérieur mais donnent aussi au peintre un rôle d’importance.

Prenons l’exemple de Sikkens. Leur communication commerciale se base entre autre sur le ‘travail du peintre professionnel durable’ et une labellisation personnelle ‘EcoSure’ de leur nouvelle gamme Sensations. Parmi les arguments utilisés :

- les peintures sont présentées comme :Sikkens_pinceau_peinture_durable

« (...) parfaitement indiquées pour les travaux de peinture dans les espaces publics, mais aussi dans les habitations privées. Elles dégagent peu d’odeur et peuvent être appliquées dans des locaux fermés

(...) totalement exemptes de composants volatils toxiques ; elles ne sont donc pas nocives pour la santé »3

- et le label EcoSure comme :

« le label de durabilité de Sikkens. Nos produits EcoSure sont conformes à de nombreuses normes environnementales nettement plus sévères que les normes européennes. (...) » 3

Un peintre durable aura tout le loisir d'activer ses neurones et son esprit critique pour poser les choix les mieux adaptés à ses chantiers. Il n'oubliera pas d'intégrer, dans sa réflexion, l'analyse de la durée de vie des produits, les fréquences des entretiens plus/moins lourds, ...

Apposer un sigle « bio » ou « éco » sur un récipient peut s’avérer, en fin de compte, très léger. Opter pour une approche intégrée de la durabilité par la production de peintures qui répondent à de très stricts critères qualitatifs tout en garantissant un impact minimum sur l’environnement et une réduction drastique des émissions de substances nocives (voire l’élimination) est peut-être plus responsable.

 

Faut-il de nouvelles compétences ?

Oui, l’utilisation des nouvelles peintures demande un apprentissage.

Quelles soient naturelles ou classiques, les peintures ont leurs spécificités et il convient d’adapter les techniques d’application. Je citerai pour exemple l’épreuve ‘peinture’ à Euroskills 2012 et, plus particulièrement, la peinture de la porte. Certains candidats ont obtenu un très bon résultat avec les nouveaux produits, d'autres non ... La différence : ils ont adapté leur technique. C’est tout à fait vrai, je l'ai moi-même testée avec la technique appropriée pour un résultat entièrement satisfaisant.

Autre exemple : un de mes collègues en train d’appliquer une peinture 'naturelle' sur un de ses chantiers s’est rendu compte avec surprise qu’il lui était très difficile, voire impossible, de faire une retouche sur un mur dans certaines teintes très pigmentées (exemple, rouge ou brun foncé). Il en fût notoirement déconfit

 

En résumé, il est important pour un peintre de continuer à se former et s’informer tout au long de sa carrière. C’est encore plus vrai pour un peintre durable.

A nous d'être au coeur de l'action dans nos Centres de formation.

 

Sources :

  1. « Finitions écologiques pour le bois », E. Cailleux, dr., chef de projet, laboratoire 'Technologie du béton', CSTC (*) S. Charron, ir., chef de laboratoire adjoint, division 'Enveloppe du bâtiment et menuiserie', CSTC, page 8, CSTC-Contact n° 31 (3-2011), cstc.be
  2. « Peintures et COV : d'une faible teneur à une faible émission », M. Lor, dr., K. Vause, lic., E. Cailleux, dr., et V. Pollet, ir., département 'Matériaux, technologie et enveloppe',page 9, CSTC-Contact n° 31 (3-2011), cstc.be
  3. « Peintures durables », brochure commerciale de Sikkens reçue lors de la formation mentionnée ci-après
  4. Formation Sikkens, 8/11/12 à Wavre
  5. sikkens .be consulté le 29/11/2012
  6. Visite au 5ème Salon du parachèvement - Bruxelles Caves de Cureghem 15/11/2012
  7. «Peinture prairie» by Masha, Painting meadow vector file, fr.all-free-download.com

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