La route ! Vous vous en souvenez ?

Cette deuxième partie explore la capacité des routes à produire de l’énergie à partir du soleil et l’intérêt d’un éclairage dynamique.

Energie

Puissance

Eurovia (Groupe Vinci), comme toutes les grandes entreprises du secteur, travaille à l’amélioration de l’infrastructure routière et est à l'affût de solutions innovantes et durables. En octobre 2017, elle a dévoilé la Power Road, un concept de voirie à énergie positive. L’asphalte, assimilé à un véritable corps noir, absorbe la chaleur solaire. Plutôt que de provoquer des surchauffes tant dans le revêtement que dans l’environnement, l’idée est de récupérer cette chaleur et la valoriser. Elle est captée via le fluide caloporteur qui circule dans des tuyaux installés dans les couches supérieures. Elle alimentera des réseaux de chauffage proches, servira pour du dégivrage, … Dans l’attente, et si nécessaire, l’énergie est stockée dans le sol en profondeur.

 

Avoir une température plus constante en surface de la voirie augmente sa durée de vie. L’investissement, même s’il est élevé au départ, semblerait rapidement rentabilisé.

Solaire

Une autre solution pour produire l’énergie, tout à fait différente, est d’installer des capteurs photovoltaïques sur la voirie. L'idée est suivie un peu partout dans le monde avec plus ou moins d’ambition : une piste cyclable en Hollande (2014), une route en France (2016), une route en Chine (et une autoroute annoncée pour 2022), par exemple.

En France, la route solaire a été construite en Normandie sur un tronçon d’un kilomètre, soit 2800 m² de capteurs, pour un budget de 5 millions d’euros. Les partenaires, dont Colas (Groupe Bouygues) et l’Institut national de l’énergie solaire (INES), ont consacré 5 années à l’étude de ce projet. Les panneaux photovoltaïques sont collés sur la chaussée et l’électricité produite renvoyée directement dans le réseau local. Dans les faits, ses performances réelles sont inférieures à celles attendues : 409 kWh par jour en moyenne au lieu de 767 (pour 2017). Sont pointés du doigt : la température de surface, l’amplitude des variations thermiques, l’absence de ventilation, des dégradations, un problème au niveau des joints.

A noter aussi que plus la circulation est intense, plus elle réduit l’ensoleillement et encrasse les panneaux. La recherche continue car les surfaces disponibles sont importantes et les besoins en énergie (alternative) ne cessent d'augmenter.

Lumière

Capteurs polyvalents

La célèbre Route 66 (USA) avait pour projet d’aller plus loin, avec des panneaux photovoltaïques équipés de LEDs. L’électricité produite, en plus d’alimenter un réseau ou des véhicules, pourra servir à l’éclairage, la signalisation (marquage ou messages au sol) et au dégivrage. Dans ce cas plutôt que d’être collés sur le revêtement, les capteurs le remplacent. Des prototypes ont été développés, des premiers tests réalisés puis le projet s’est arrêté suite à un conflit entre le maître de l’ouvrage et l’entreprise portant sur un problème de qualité technique (aussi au niveau des joints). Des contacts auraient été pris avec la France et un autre site envisagé. L’idée n’est pas abandonnée car cette solution offre une polyvalence intéressante mais les sources de financement restent difficiles à trouver.

Eclairage

Colas a la même idée mais dissocie les produits : d’un côté les panneaux de la route solaire, comme en Normandie, de l’autre, Flowell, des plots lumineux et digitalisés, intégrés à la voirie (mais ils ne remplacent pas le revêtement). Ils ont été présentés en novembre dernier. L’intérêt de cette solution connectée est de faire évoluer l’éclairage suivant les besoins en le commandant via une caméra, un capteur ou encore une horloge. Le premier test in situ a été réalisé en Vendée au niveau d’un arrêt de bus. L’horaire d’éclairage est calqué sur celui des bus afin d’attirer l’attention des autres usagers de la route. Le système nécessite une alimentation électrique extérieure provenant du réseau ou de capteurs qui lui sont dédiés.

Drones

Les drones deviennent un outil incontournable (aussi dans la construction). Alors pourquoi ne pas les imaginer en essaim au-dessus d’une voirie pour l’éclairer ? C’est l’idée d’une compagnie d'assurance anglaise, une solution qui permettrait de diminuer le nombre d’accidents sur les routes et pistes cyclables peu ou mal éclairées. Un test a été effectué et filmé sur une route réputée très dangereuse à Petworth. Découvrez-le dans la vidéo ci-dessous.

La question du coût reste en suspens. Le conducteur bénéficierait-il d’une réduction sur sa prime d’assurance s'il fait appel au service ? Ou d’une protection plus étendue ? …

 

 ... A suivre ...

 

Lire aussi : Energie, asphalte, mégot, papier toilette, lumière, taques, musique, … quel est le dénominateur commun ? (1 – Recyclage)

 

Sources :
- « Ça ne se voit pas mais cette route produit de l'énergie », Stéphanie Odéon, 16/10/2017 13:35, www.batiactu.com
- « Une route pavée de capteurs solaires », Grégoire Noble, 28/10/2015 14:00, www.batiactu.com
 - « La route solaire normande produit deux fois moins d’électricité que prévu », Pierre Thouverez, 16/01/2018, www.techniques-ingenieur.fr
- « La mythique Route 66 va se convertir au solaire », Grégoire Noble, 13/07/2016 15:38, www.batiactu.com
- www.route66news.com
 - « Après la route solaire, voilà la chaussée lumineuse », Grégoire Noble, 04/12/2017 à 17:10, www.batiactu.com
- « La route lumineuse Flowell testée en Vendée », Grégoire Noble avec AFP 08/01/2018 16:12, www.batiactu.com
- « Et si une flotte de drones venait éclairer votre route la nuit ? », Grégoire Noble, 05/05/2017 17:24, www.batiactu.com
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