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genre1Les métiers ont-ils un sexe?
La question peut sembler saugrenue. Mais la réponse est évidente. A l'heure où l'on parle de plus en plus des femmes dans la construction, force est de constater qu'elles sont encore bien peu nombreuses à exercer des métiers dits des "métiers d'hommes".
Mais... à qui la faute?

 

La plupart des femmes actives le sont dans des secteurs tels que la santé, l'éducation ou les métiers du social. A elles les carrières d'infirmière, d'institutrice ou de secrétaire. Mais pourquoi ne sont-elles pas plus nombreuses à exercer le métier de maçon, mécanicien ou taximan (qui comme son nom l'indique, taximan, semble exclusivement réservé aux hommes)?

Hommes et femmes sont pourtant égaux face aux études, à l'orientation, aux métiers, à l'emploi. Par ailleurs, à l'école, les filles réussissent plutôt mieux que les garçons. Pourtant, elles s'orientent très majoritairement vers des filières peu valorisantes ou rémunératrices ... laissant les filières scientifiques, techniques ou professionnelles aux garçons.

L'école jouerait-elle un rôle?

Des stéréotypes seraient-ils véhiculés à travers les manuels scolaires ou le discours des enseignants?

Une publication du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Direction de l'Egalité des Chances, fait le point sur le respect des principes d'égalité homme-femme, fille-garçon, au sein des manuels scolaires.

genre2Dans les manuels scolaires, et cela quel que soit le niveau d'étude, la répartition des métiers entre les hommes et les femmes est presque toujours stéréotypée. L'éventail des métiers représentés est relativement restreint pour les femmes. On les voit exerçant des professions traditionnellement féminines, voire ne pas exercer de profession du tout mais s'occupant des enfants ou accomplissant des tâches ménagères.

Les hommes, par contre, sont représentés exerçant des métiers dans des domaines professionnels très variés. Et lorsqu'il s'agit de métiers prestigieux, de postes à responsabilités ou de métiers liés au pouvoir, les femmes sont systématiquement absentes.

Dès lors, une question se pose: cette représentation influence-t-elle les choix d'orientation des jeunes? Les manuels scolaires ne sont pas les seuls responsables mais la réponse est oui.  Les filles y sont mises en scène dans des domaines très précis, dans une poignée de professions seulement. C'est donc naturellement qu'elles se projettent dans ces métiers. Par contre, exceptés les quelques métiers dits "féminins", tout est possible pour les garçons: de pompier à ingénieur, de mécanicien à architecte.

Cela n'est sans doute pas volontaire, du moins on peut l'espérer. Et du côté des enseignants, cela passe plutôt inaperçu. Les manuels sont d'abord considérés comme des supports pédagogiques. Peu d'entre eux remarquent le traitement différencié des filles et des garçons. Pourtant l'attitude des enseignants renforce ces inégalités. On posera plutôt une question de restitution à une fille, tandis qu'on enverra un garçon au tableau pour résoudre un problème.

Bien sur, cette représentation sexuée des hommes et des femmes dans les manuels scolaires est renforcée par la famille, les médias, la télévision, la publicité... la culture, au sens sociologique du terme. Et certains stéréotypes ont la dent dure. Notamment celui qui véhicule l'idée que les femmes n'ont pas leur place dans tous les secteurs professionnels. L'image masculine d'un secteur, le secteur du bâtiment par exemple, est souvent due au fait que celui-ci est traditionnellement réservé aux hommes ou qu'il évoque des valeurs plus masculines telles que l'action, l'effort physique ou le danger.

Les jeunes filles auront donc tendance à s'orienter vers des filières traditionnellement féminines et à s'interdire l'accès à certaines carrières scientifiques et technologiques, des postes de recherche et développement, l'industrie du bâtiment ou l'informatique. Ce qui implique, pour les filles, la méconnaissance de nombreux métiers dans lesquels elles pourraient s'avérer aussi compétentes que leurs homologues masculins. Car il n'y a pas de "métiers d'hommes" ou de "métiers de femmes" mais simplement une façon plus féminine ou masculine d'appréhender son travail.

Pour en savoir plus:

Sexes et Manuels, une publication du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Direction de l'Egalité des Chances, Bruxelles 2012, téléchargeable sur http://www.egalite.cfwb.be

Et puisque le Grand Saint passera bientôt chez les plus sages d'entre nous... voici comment certaines enseignes luttent contre les stéréotypes:

http://www.lefigaro.fr/conso/2012/11/05/05007-20121105ARTFIG00544-des-catalogues-de-jouets-revolutionnent-les-genres.php