Le quotidien de Monsieur Jimmy Sapède, Responsable du Pôle Energie des laboratoires Wessling France est de réduire les consommations énergétiques de ses clients industriels.
De ses missions, nombreuses, il a fini par créer un bêtisier tant les comportements et les usages rencontrés lui ont parfois paru incongrus, inconscients ou encore obsolètes.
Quelques exemples tirés de son exposé, lors de la journée du développement durable à Mons, en octobre dernier :
Les transports d'énergie sont-ils bien adéquats ?
Un audit du réseau d'air comprimé d'une entreprise chimique fait apparaître une consommation de +/- 100 kW le week-end, jours non prestés, pour maintenir sous pression un réseau vétuste et hétéroclite.
Quasiment 20 000 €/an pour compenser les fuites dominicales, n'est-ce pas un peu cher payé ?
De plus, le rendement d'un compresseur est mauvais. Quelque soit le modèle, c'est une énergie qui coûte cher et dont l'usage doit être rationnalisé. Il faut l'utiliser avec discernement : utiliser de préférence de l'outillage électrique, éviter de souffler ses chaussures pour les nettoyer, ... de belles économies possibles.
Les process sont-ils toujours efficaces ?
L'exemple provient cette fois d'une unité agro-alimentaire qui utilise de l'eau stérile pour alimenter les machines en fonction des besoins. L'eau est fabriquée à partir d'injection de vapeur dans un système en boucle.
Bien que le tout revienne à +/- 180 000 €/an, le personnel en charge de la production estime qu'il n'y a pas de raison d'en changer puisque le procédé fonctionne bien et ce, depuis toujours.
L'audit révèle que ce procédé très coûteux peut facilement être remplacé par un autre, nettement plus économique dont l'investissement sera rentabilité en deux mois.
Faut-il changer les comportements humains ?
Les gens ont souvent peu conscience de la quantité d'énergie consommée (voire gaspillée), comme dans cet atelier où l'on cuit des pommes de terre dans un four à pression atmosphérique. Les opérateurs ont réglé la température à 120° pour 'cuire plus vite'.
Bloquer la température à 98° cuit aussi vite et économise 106 000 €/an.
Des procédures orientées 'énergie' sont-elles à créer ou revoir ?
Dans l'entrepôt de cette entreprise spécialisée en logistique, l'éclairage reste allumé tout le week-end car faire le tour de tous les interrupteurs pour éteindre est trop long.
Le bon geste que l'on peut avoir chez soi se perd dans l'usine, les responsabilités se diluent. Pourtant l'impact n'est pas négligeable en terme de rentabilité. Dans cet entrepôt, l'installation d'un interrupteur général a été rentabilisé en 4 jours et a permis d'économiser 18 000 €/an.
Bien sûr, c'est le monde de l'industrie mais certains dysfonctionnements ne pourraient-ils pas s'appliquer aussi à celui de la construction ?
Et la construction ?
« On a toujours fait ainsi. »
« Il est impossible de faire autrement. »
« Cela fonctionne bien, pourquoi changer ? »
« Il est pensionné et c'est lui qui connaissait le bâtiment. »
« Oh, les plans, je ne sais même pas s'il y en a ! »
« Ce n'est pas moi qui paie la facture ! »
« Vous êtes sûr que cela consomme autant d'énergie ? »
« Personne ne vérifie. »
...
Autant de réflexions que Monsieur Sapède a entendues lors de ses audits.
Quand l'objectif est d'améliorer la performance énergétique des bâtiments, pensez-vous que les problématiques rencontrées au niveau des supports, des procédés, des comportements, des procédures soient si différentes ?
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Source : « Audits énergétiques dans l'industrie : retour d'expérience et bêtisier », Jimmy Sapède, Responsable Pôle Energie (Wessling France) – atelier thématique n°2 lors de la 2ème édition de la journée transfrontalière de l'Energie durable (Hainaut Développement) à Mons le 10/10/2013, jted.eu
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