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Maison_passive_ALTAR_Architecture_SCRL_MoxheEvolution des secteurs de la construction 

Nous l’avons vu précédemment, l’évolution du secteur sera fonction de bien des facteurs.

On peut raisonnablement penser que d’une façon globale, le bâtiment aura des évolutions concomitantes directement proportionnelles aux aspects énergétiques, écologiques et économiques. Cela ne rappelle-t’il pas curieusement les trois piliers du développement durable? Ils sont ici également difficiles à dissocier les uns des autres. 

Tout d’abord, il semble évident que les premiers effets directs sur le monde du bâtiment seront ceux du secteur de l’énergie induit par le décret PEB (3ème phase au 1/09/11). C’est la loi et personne ne peut l’ignorer. Les certifications de toute sorte (sur matériaux, équipements, méthodes de mise en œuvre, prestations de service…) devraient augmenter tous azimuts pour impacter également le secteur de l’industrie qui produit ces matériaux, équipements et services associés.

Il est attendu par conséquent, une certaine hausse des prix de la construction neuve. Or ce secteur est en perte de vitesse depuis quelques temps déjà et les prévisions ne sont pas formidablement optimistes en matière de croissance… (Voir le dossier ING economic research, octobre 2012)

Les candidats bâtisseurs devraient donc naturellement se reporter encore un peu plus que par le passé sur le secteur de la rénovation. La PEB, par sa réglementation, ne devrait qu’accentuer ce phénomène.  

Le législateur a-t’il su estimer par contre les risques de travaux réalisés hors permis en cas de rénovation lourde (…et qui devraient l’être) et, de même, quels sont les risques bien réels de recours au travail au noir ? 

Les effets écologiques sur les techniques constructives et isolantes seront loin d’être négligeables. Cette tendance est déjà bien marquée actuellement mais prendra de plus en plus d’importance pour autant que les artisans maîtrisent bien leur sujet sous peine de voir plus de problèmes survenir que d’effets bénéfiques. Personne n’espère voir dans quelques années une nouvelle profession émerger : « pathologiste en bâtiment » ! 

Cette remarque est également valable pour toute nouvelle technologie, et ne se limite pas, il est vrai, aux seuls éco ou bio matériaux.

Par contre, croire que tout ira mieux avec les matériaux naturels est un leurre. La physique du bâtiment répond à des lois naturelles, elle aussi.

 

Evolution des métiers 

Compte tenu de ce dernier point, le secteur du bâtiment devra évoluer en termes de compétences. La connaissance des matériaux sera également un élément essentiel, trop souvent et longtemps négligé. Une technique n’est valable que par des matériaux mis en œuvre correctement par l’artisan qui le pose. En clair, le savoir faire de détail sera essentiel pour atteindre les performances thermiques indispensables pour surmonter le prochain choc pétrolier, le dernier ? 

Sur le plan des techniques, l’isolation, la ventilation et forcément l’étanchéité à l’air seront capitales. Voilà les vrais enjeux des métiers verts qui passent par l’équilibre de ces compétences.

Actuellement peu d’entreprises maîtrisent bien ces trois piliers de la construction durable, et il n’est pas si simple de se faire une idée objective sur le degré de maîtrise de ces compétences qui touchent de nombreux métiers, et en particulier ceux de l’enveloppe et des équipements, tant en conception qu’en prestations de terrain. De plus, l’anticipation de coordination sera importante dans les réalisations sous peine de passer à côté de l’objectif de performance finale qui se devra d’être vérifiée. Ce n’est actuellement pas le cas et cette absence de contrainte de la part du législateur laisse court à toutes sortes d’interprétations. Le grand public, même s’il est de mieux en mieux informé, s’y perd ! 

Toujours sur le plan des techniques, les professionnels devront évoluer à se former de façon permanente, autant en construction neuve qu’en rénovation qui demande plus de créativité car les situations moins orthodoxes nécessiteront des solutions plus personnalisées. On peut aussi dire haut et fort que les professionnels devront tenir compte des interactions avec les autres métiers pour traiter correctement les nœuds constructifs dans l’esprit de la PEB. 

Voici en conclusions, ce qu’il faut retenir de tout cet étalage de constats, de tendances, de prévisions écono-technico-bio-écolo… constructives. 

Le secteur est en cours de transformation. Il n’a jamais connu pareille métamorphose programmée sur une si large échelle. Nous aurons tous besoin d’augmenter nos savoirs faire. On n’a donc pas fini de se former, d’apprendre et de remettre en question nos propres certitudes!

 

A lire : Quelle construction dans dix ans ? 1/2

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