strategie_materiaux_PEBQue de questionnement par rapport à la Performance Energétique de nos Bâtiments !

Cette photo doit être assez révélatrice de la stratégie constructive des candidats bâtisseurs. 

Le décret PEB chamboule quelque peu nos clichés habituels quant à nos modèles constructifs classiques. Je m'explique...

Lors d'une incursion en Gaume profonde, j'ai eu l'œil attiré par ces deux chantiers contigus. Visiblement deux maîtres d'ouvrage informés en matière de performance thermique se construisent leurs rêves mais avec des stratégies constructives radicalement différentes. Et, en effet, c'est un constat, la PEB nous poussera à faire des choix stratégiques en termes de matériaux. Ici, dans le cas présent, les choix posés au niveau des matériaux auront une grande incidence sur le bilan thermique des habitations, mais également sur les activités des ouvriers sur chantier et, si on pousse le bouchon un peu plus loin encore, sur les idées préconçues du grand public "non technicien".

En très résumé donc,  l'idée qui m'a traversé l'esprit lors de ce cliché fut : "Ah voilà à gauche encore une future maison passive"…puisqu’elle est à ossature bois… et "à droite, une autre en béton cellulaire, c’est déjà pas si mal".

En termes de clichés et d’idées faussement préconçues sur les habitations passives, l'amalgame intellectuel est vite fait ! 

Oui, la norme PEB inclut une valeur d'isolation globale de l'habitation (actuellement K45). Ce point nécessite entre autres une très bonne isolation, continue, performante et épaisse, mais l'enveloppe du bâtiment devra être de plus en plus étanche à l'air pour obtenir des performances intéressantes et donc des consommations énergétiques les plus faible possibles (Espec et Ew). C'est un peu l'image du pull over dont la sensation de chaleur est augmentée si on enfile un coupe-vent par dessus. En lui-même, le coupe-vent (0.6mm d'épaisseur) n'a aucun pouvoir isolant mais il empêche le vent de s'infiltrer dans l'isolant (le pull over) et cela lui confère une valeur isolante supérieure.

Vu que les normes deviendront de plus en plus sévères à l'avenir (K15, soit passif vers 2018 en RW), l'étanchéité à l'air des bâtiments devra suivre le même mouvement et on comprend mieux l'enjeu des choix de matériaux qui seront stratégiques sur le plan thermique. Et, dans ce cadre, les fabricants de matériaux vont rivaliser d'ingéniosité pour créer des matériaux améliorés, voire nouveaux, sur tous les critères propres à la règlementation PEB. Il faudra donc être très critique par rapport aux caractéristiques annoncées par les fabricants pour ne pas être dupé.

Revenons à cette photo.

Le choix actuel en ce qui concerne l'étanchéité à l'air est assez réduit lorsqu'à l'entame d'un projet on vise une bonne performance thermique. Nos techniques éprouvées par chez nous au point de vue solidité, stabilité et comportement thermique (bref nos matériaux blocs TC traditionnels ou autres) pèchent par leurs faiblesses au niveau de l'étanchéité à l'air lors de la mise en œuvre par les maçons, et ce, bien à leur décharge par ailleurs. Le fait est là, nos techniques n'ont pas été prévues pour viser une étanchéité à l'air parfaite. Il est donc logique de constater une montée en puissance des maisons à ossatures bois puisqu'avec les panneaux bois languetés/rainurés, les colles et bandes collantes, il est plus aisé d'obtenir des bâtiments thermos. 

Mais l'acoustique dans tout ça ? Et la masse thermique si importante en termes de confort et de surchauffe estivale, qu’en fait-on ?

Pour lutter, « le secteur du bloc et de la brique » va devoir réagir. Les maçons devront repenser la qualité de pose « PEB conforme », les différents corps de métier présents sur les chantiers devront retravailler mains dans les mains et non pas pieds dans les pieds….comme trop souvent jusqu’il y a peu.

Ce n’est qu’à ce titre que les matériaux traditionnels reprendront quelques lettres de noblesse. En effet, il est tout à fait possible de réaliser des maisons BE voire passives en matériaux traditionnels. Là aussi les préjugés sont faux: une maison passive n'est pas automatiquement à structure bois.

Et toutes ces notions de qualités, de comportement passent par la formation, l’éducation, la connaissance des matériaux et des bonnes pratiques.

Fameux défi !

Il y aura donc, et on le constate déjà, une profusion d’innovations technologiques dans le domaine de la construction/isolation/thermique. Pour preuve, il suffit de se balader dans les salons spécialisés (Batibouw et autres…) et de surfer sur les sites de matériaux de toutes sortes (pas uniquement chez les fabricants d’isolants) pour s'en rendre compte. Les poseurs et monteurs devront suivre le mouvement.

Qui dit que le secteur du bâtiment est inerte ?

Idée faussement préconçue quand tu nous tiens…  

Voir aussi : "Le mur Bioclimatique 42 : la réponse Monomur aux exigences du label BBC", publi-info de WIENERBERGER – 30/07/10, consultable sur produits.batiactu.com