Bandeau-chantier-vertchantier_vert_art7_parliersParenthèse dans notre récit du Chantier pédagogique de Frasnes pour vous parler du temps passé. Aujourd’hui sur nos chantiers, des coordinateurs de chantier, des chefs d’équipe, ... endossent une partie des missions jadis dévolues aux "parliers".

 

Le retour des parliers ?

Les bâtisseurs de cathédrale du roman tardif et de ce qui allait devenir le gothique avaient recours à une fonction particulière sur leurs chantiers : le parlier. Ce dernier assurait différentes fonctions qu’il cumulait en général avec celle d’appareilleur mais sa fonction principale était de transmettre aux équipes d’artisans-compagnons les décisions et les options que l’architecte avaient prises.

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Nous vous présentons dans ce rôle, Monsieur Xavier Potvin, mais, néanmoins, avec une différence de taille. Dans le cadre de ce chantier pédagogique, chaque corps de métier qui passe sur chantier vient réaliser avec ses stagiaires une mission bien précise, mais innovante car différente des exercices d'atelier. Le maçon, par exemple, utilise la technique de collage, les menuisiers fabriqueront des châssis bois étanches à l'air, munis de stores anti-solaires tout en tenant compte de l'avis du peintre industriel chargé de la peinture. La pose, quant à elle, sera réalisée par des stagiaires poseurs de menuiseries extérieures sous l'oeil aguerri du formateur spécialiste de la pose. Il aura également participé à l'élaboration des châssis pour que les difficultés de pose soient anticipées dès la conception des fermetures menuisées. Le plafonneur contribuera également à l'étanchéité de l'enveloppe puisqu'il passera après le menuisier de pose pour incorporer les membranes d'étanchéité à l'enduit des murs qui assure, lui, la couche étanche à l'air intérieur. La ventilation double flux sera aussi assez particulière mais on ne va pas tout vous dévoiler aujourd'hui ... La toiture sera "Sarking", insufflée et respirante, etc.

 

Ce rôle d'innovateur en formation n'était pas tout à fait la mission du parlier de l'époque. Quoiqu'il en soit, il n’était pas moins rare qu’il doive traduire – au premier sens du terme – ces directives aux différents parlers rencontrés sur le chantier tout en adaptant ses explications pour être compris de tous. En effet, en France à cette époque (fin du XIIe siècle) la langue d’oc et la langue d’oïl se cotoyaient, certains compagnons, d’origine étrangère, ne maîtrisaient ni l’une ni l’autre. Enfin, il n’était pas rare que l’architecte lui-même parle une autre langue que celles usitées par ses ouvriers.

 

On retrouve aujourd’hui sur nos chantiers, des coordinateurs de chantier, des chefs d’équipe, des responsables de la sécurité ou de la performance énergétique des bâtiments, etc. Chacun endosse une partie des missions jadis dévolues aux parliers. Avec impertinence, on peut également constater que de nombreux idiomes sont pratiqués sur nos chantiers.
Le respect des normes de sécurité, les exigences de mise en œuvre liée à la PEB qui, outre leur complexité, rendent nécessaire la bonne intelligence entre les différents corps de métiers. Ce niveau de complexité doit être « traduit » et percoler de la réunion de chantier jusqu’à la truelle du maçon, jusqu’au cutter de l’installateur de VMC, à la carotteuse du sanitariste, … De quoi raviver les couleurs de ce noble rôle tenu durant des siècles par ces parliers dont les missions sont en train de sourdre à nouveau sur nos différents chantiers pour plus de sécurité, pour moins de voracité énergétique et pour une meilleure coordination.

 

Cet article est inspiré de "Les cahiers de l'urbanisme n° 42, Collectif, Editions Mardaga,  2002, p. 75 et sq. Jean Diwo, Le printemps des cathédrales, Flammarion, 2002, (ISBN 978-2080682703)", cet article est réalisé avec l'aimable participation de Eric Bergeret

L'équipe du Chantier vert - Françoise Pâques, Xavier Potvin & Cédric Quinaut

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